Résumé du texte d’ Ernest J. MONIZ, Sam NUNN publié par NTI :
« The Return of Doomsday : The New Nuclear Arms Race and How Washington and Moscow Can Stop It »
« Nous sommes en 2020. L’armée russe effectue un grand exercice à Kaliningrad […]. Un avion d’observation de l’alliance occidentale traverse accidentellement l’espace aérien russe et est abattu par un missile sol-air. L’OTAN envoie des escadrons aériens et des navires de combat dans la région. Les deux parties préviennent qu’elles envisageront d’utiliser l’arme nucléaire si leurs intérêts vitaux sont menacés […].
Les deux parties étant en état d’alerte avancée, une cyberattaque d’origine inconnue est lancée contre les systèmes russes d’alerte rapide, simulant une attaque aérienne de l’OTAN contre des bases aériennes et navales à Kaliningrad. Ne disposant que de quelques minutes pour confirmer l’authenticité de l’attaque et face à l’absence de dialogue de crise entre l’OTAN et la Russie, Moscou décide qu’elle doit réagir immédiatement et lance des missiles de croisière classiques depuis les bases de Kaliningrad sur les aérodromes baltes de l’OTAN. En retour, l’OTAN intervient […] en frappant Kaliningrad par voie aérienne.
Voyant arriver des renforts de l’OTAN et craignant qu’une invasion terrestre de l’OTAN ne s’ensuive, Moscou conclut qu’elle doit intensifier la pression pour désamorcer la situation – en espérant interrompre le conflit et ouvrir la voie à un règlement négocié selon les termes de Moscou – et mener une frappe nucléaire à faible rendement dans des bunkers de stockage nucléaire sur un aérodrome de l’OTAN. Mais le calcul de désescalade s’avère illusoire, et un échange nucléaire commence ».
Ce scénario catastrophe, imaginé par Ernest J. Moniz et Sam Nunn dans leur rapport « The Return of Doomsday : The New Nuclear Arms Race and How Washington and Moscow Can Stop It », n’est que fiction. Pourtant, depuis la crise des missiles de Cuba en 1962, le risque d’une confrontation impliquant l’utilisation d’armes nucléaires entre les Etats-Unis et la Russie n’a jamais été aussi élevé. Les auteurs font ainsi un constat alarmant : Washington et Moscou sont désormais dans un « état d’instabilité stratégique », où le moindre mouvement de l’une des deux parties pourrait déclencher un cataclysme.
Les membres de la Nuclear Threat Initiative (NTI) expliquent cette situation par plusieurs facteurs. Les tensions géopolitiques – élargissement de l’OTAN, annexion de la Crimée, interventions au Moyen-Orient – depuis deux décennies entre l’Occident et la Russie ont miné la stabilité stratégique. Le danger est de plus exacerbé par l’effondrement délibéré et accéléré de l’architecture de maîtrise des armements. L’on peut citer le Traité antimissile balistique (ABM), le premier en date à avoir été dénoncé par les Etats-Unis en 2002 –, ou le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). L’avenir du Traité New-START est également incertain. Dans moins de deux ans, le dernier accord bilatéral ayant trait aux armes nucléaires entre Washington et Moscou pourrait prendre fin, et, avec lui, les dernières mesures de transparence entre les deux pays sur leurs arsenaux nucléaires respectifs.
Moniz et Nunn alertent également sur les risques que font peser les nouvelles technologies sur les systèmes d’armes nucléaires. Des cyberattaques pourraient par exemple compromettre les systèmes d’alerte ou les structures de commandement et contrôle nucléaires. Les missiles hypersoniques réduiraient quant-à-eux le temps d’avertissement et décision du défenseur en cas d’attaque. Ce « mélange toxique de maîtrise des armements en déclin et d’armement avancé », selon les mots des auteurs, est exacerbé par l’absence de dialogue entre la Russie et les États-Unis. Pour NTI, les fissures politiques et les lois adoptées par le Congrès aux États-Unis sont en partie responsables de cette panne de communication. Une loi interdit par exemple toute coopération de l’armée américaine avec l’armée russe. Les fractures au sein de l’OTAN ne sont pas non plus de nature à favoriser le débat avec la Russie.
Pourtant, Moniz et Nunn considèrent que la Russie est une force sur laquelle il faut compter, malgré sa structure économique et politique fragile. Pour eux, de par sa vaste géographie, son siège de membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies, ainsi que par ses forces conventionnelles et nucléaires, Moscou peut « perturber les courants géopolitiques dans des régions vitales pour les intérêts des États-Unis ». Cela rend alors les affrontements et les crises plus que probables entre les deux grands.
Les auteurs soulignent que la Russie et les États-Unis ont la responsabilité d’empêcher une catastrophe nucléaire, et donc d’engager le dialogue. Pour autant, cela ne signifie pas pour les États-Unis ignorer l’agression russe. Il n’est pas question de lever les sanctions sans contrepartie. Cependant, ce dialogue a besoin de flexibilité et doit reposer principalement sur la « reconnaissance de l’intérêt vital commun à prévenir l’emploi des armes nucléaires ».
Il est dans un premier temps essentiel et urgent que l’admistration Trump et le Congrès américain rétablisse une relation de travail sur la politique russe. Donald Trump et Vladimir Poutine doivent initier la reprise du dialogue au plus haut niveau des États. De même, les pourparlers doivent inclure les diplomates, mais aussi les hauts-responsables militaires des deux États. Moniz et Nunn indiquent également que la Russie, les États-Unis et l’OTAN devraient relancer un dialogue sur la gestion des crises – incluant les commandements nucléaires – au sein d’une institution comme le Conseil OTAN-Russie (COR). Le dialogue doit aussi dépasser la sphère politique pour inclure les communautés de scientifiques et d’experts nucléaires.
NTI considère que l’une des grandes priorités est de « trouver des moyens de donner aux dirigeants des États dotés d’armes nucléaires plus de temps pour décider s’ils doivent utiliser leurs armes nucléaires en temps de crise ». Aujourd’hui, les décideurs ne disposent que de quelques minutes pour prendre une décision et les nouvelles technologies – les armes hypersoniques notamment – pourraient raccourcir encore le délai de décision, augmentant en conséquence l’incertitude. Le déploiement de troupes russes et otaniennes aux frontières accroît en outre le risque d’attaque à court préavis.
L’association préconise également le retrait des armes nucléaires russes et américaines du territoire européen. Pour Moniz et Nunn, ces dernières représent « davantage un risque qu’un atout ». Ils rappellent aussi que ces armes sont une « cible attrayante pour les terroristes ». L’échange d’informations sur les opérations et les capacités de chaque partie pourrait réduire le risque d’erreurs, d’accident et donc de catastrophe. Cette question devra aussi concerner la Chine.
Enfin, les auteurs appuient l’élaboration de lignes rouges claires dans le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique entre la Russie et les États-Unis. Cela passerait par exemple par la mise en place d’un « projet pilote axé sur l’échange d’informations sur les activités spatiales », permettant un mécanisme d’achanges d’informations. Outre ces mesures de confiance, les deux parties doivent aussi élaborer un « ensemble de principes fondamentaux en matière d’armes nucléaires ». NTI préconise la reprise de l’accord entre Ronald Reagan et Mikhail Gorbatchev, selon lequel « une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ».
Moniz et Nunn concluent en insistant sur le fait que les États-Unis et la Russie doivent absolument prendre des mesures spécifiques pour réduire la probabilité d’une nouvelle course aux armements nucléaires. Les deus États doivent réinstaurer le dialogue et un minimum de coopération afin d’éviter un conflit international majeur et une escalade nucléaire. Avec plus de 8 000 ogives nucléaires en leur possession – soit 90% des armes nucléaires dans le monde – toute escalade nucléaire entre Moscou et Washington pourrait conduire, comme le titrent Moniz et Nunn, à « la fin du monde ».
Traduction et résumé réalisés par Solène Vizier, membre du Bureau d’IDN.
Une réponse
Petit scenario : Les réfugiés afghans et autres passent par la Biélorussie pour entrer dans les pays baltes. Qui envoient l’armée pour arrêter les migrants. Loukachenko, chien fou de Poutine, envoie son armée pour forcer le passage des migrants. Les états baltes répliquent mais perdent la bataille. Là, l’Otan réagit à son tour en brandissant l’arme nucléaire. Loukachenko, pensant qu’il sera soutenu par Poutine, réagit mal et le conflit nucléaire éclate.Là, on encaisse tous les conneries commises depuis 40 ans, un président fou, la suite de l’Afghanistan, notre politique imbécile d’accepter n’importe quel réfugié, notre politique de mettre les pieds chez les autres au nom de ‘nos valeurs’, la dislocation de l’URSS et des anciennes républiques qui ont rejoints l’Otan.