Publié dans The National Interest
L’analyste Kyle Mizokami revient pour The National Interest sur le plan de guerre nucléaire élaboré en 1979 par le Pacte de Varsovie. Intitulé « Sept jours jusqu’au Rhin », il prévoyait de décapiter l’OTAN et et de détruire son arsenal en Europe, par l’usage de premières frappes nucléaires sur les sept plus grandes villes d’Allemagne de l’Ouest, Bruxelles, Antwerp, Amsterdam et le Danemark. L’URSS et ses alliés auraient ensuite envoyé leurs troupes conquérir et occuper ces pays détruits et démoralisés.
Mizokami souligne l’avantage stratégique considérable qu’aurait confié l’asymétrie doctrinale à Moscou. En effet à cette époque, l’OTAN avait adopté la doctrine de la « riposte graduée ». Dans le cadre d’un conflit en Europe, il se réservait le droit d’utiliser des armes nucléaires tactiques en dernier recours, tout en essayant de l’éviter et de gagner par des moyens conventionnels. L’URSS considérait en revanche, leur usage comme inévitable, et prévoyait de les utiliser dès le début du conflit.
Il était ainsi vital pour elle de préserver ses missiles balistiques nucléaires de la Mer de Barrents, afin de conserver une capacité de seconde frappe contre les Etats-Unis, même en cas de défaite conventionnelle. A ce titre, la destruction de sous-marins nucléaires par les Etats-Unis aurait pu constituer pour Moscou un motif de première frappe.
La France et le Royaume-Uni auraient été épargnées par le plan soviétique, sûrement car les deux pays possédaient un arsenal indépendant des Etats-Unis. Si les Etats-Unis avaient hésité à riposter, par crainte d’une escalade nucléaire stratégique menaçant le sol américain, la France et le Royaume-Uni auraient de leur côté eu un champ de bataille nucléaire juste à leur porte, leur permettant difficilement de différencier attaques stratégiques et tactiques. Les deux pays auraient alors eu le choix entre utiliser leur arsenal nucléaire et s’exposer à leur propre destruction ou abandonner à leur sort les membres de l’OTAN attaqués.