Publié par Le Journal du Dimanche
Dans cet article paru dans le Journal du Dimanche, Mahaut de Fougières, chargée d’études sur les questions internationales, et Bruno Tertrais, senior fellow à l’Institut Montaigne pour les affaires stratégiques, reviennent sur les divergences entre les pays européens au sujet de la dissuasion nucléaire.
Tandis que la France et le Royaume-Uni, seules puissances nucléaires du continent, refusent de signer le TIAN, d’autres pays comme l’Autriche, l’Irlande et Malte l’ont fait. D’autres pays qui ne l’ont pas signé (Espagne, Pays-Bas, Suède) sont cependant très investis dans la lutte contre la prolifération. Une majorité d’européens souhaitent que leur pays intègre le TIAN.
Emmanuel Macron avait proposé l’an passé une discussion sur le rôle de la dissuasion nucléaire dans la sécurité collective européenne. La proposition a cependant reçu un accueil mitigé, craignant qu’elle n’éloigne les Etats-Unis du continent, au profit de Paris. Les gouvernements baltes, par exemple, souhaitent toujours bénéficier du parapluie nucléaire américain face au réarmement russe.
Un rapport de l’Institut Montaigne appelle le Vieux Continent à poursuivre un dialogue européen dans un cadre informel, qui inclurait le Royaume-Uni. Ils appellent la France à garder son autonomie tout en collaborant avec l’OTAN, afin d’inspirer une confiance mutuelle. Partisans de la dissuasion et de la modernisation de l’arsenal, Mahaut de Fougières et Bruno Tertrais se disent cependant opposés à la course aux armements. Ils estiment qu’un dialogue européen est justement nécessaire pour la stabiliser.