Regain de tension sur la péninsule coréenne

Le 29 septembre 2023, IDN a publié un article portant sur la révélation par la Corée du Nord d’un nouveau sous-marin nucléaire tactique d’attaque. Des experts ont exprimé des doutes quant à la capacité de la Corée du Nord à le faire fonctionner. Depuis lors, Pyongyang cherche constamment à renforcer ses capacités et à améliorer ses vecteurs stratégiques. Les actions militaires provocatrices de la Corée du Nord s’accompagnent fréquemment de discours hostiles envers le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud. Récemment, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a qualifié le Sud de « principal ennemi » et a proféré des menaces de guerre à Séoul pour toute violation, même minime, du territoire nord-coréen.

De manière significative, Kim Jong-un a pris la décision de démanteler les organes gouvernementaux dédiés à la réunification, marquant ainsi une concrétisation du changement de dynamique entre les deux Corées. Plus précisément, ces organes étaient axés sur la pacification, faisant de cette évolution une nouvelle préoccupante. Symboliquement, Kim Jong-un a ordonné la destruction de l’arche de la réunification, un monument imposant érigé en 2000 pendant une période de détente entre les deux nations, situé sur la route reliant Pyongyang à la zone industrielle de Kaesong. Cette détérioration s’observe depuis plusieurs années, en réaction à des essais menés par Pyongyang et à une accentuation continue de ses capacités militaires qui se renforcent d’année en année.

Nouveau satellite espion

En novembre 2023, la Corée du Nord a annoncé avec succès le placement en orbite d’un nouveau satellite espion, renforçant ainsi sa stratégie de dissuasion. Cet exploit, après deux échecs antérieurs, suggère une possible coopération accrue entre la Corée du Nord et la Russie, cette dernière offrant son soutien dans le cadre d’un projet de collaboration économique et militaire plus vaste. En échange, la Corée du Nord aurait accepté de fournir des obus aux forces russes impliquées en Ukraine. Suite à ce lancement, le gouvernement sud-coréen a exprimé son indignation et a annoncé une annulation partielle de l’accord militaire intercoréen conclu avec le régime de Kim Jong-un. Cette annulation partielle ouvre potentiellement la voie à des missions de reconnaissance aérienne de la part de Séoul dans la zone frontalière.

Torpilles ou drones nucléaires ?

Malgré les contraintes technologiques, la Corée du Nord persiste dans ses avancées, manifestant peu de préoccupations quant aux violations des résolutions de l’ONU liées aux technologies de missiles balistiques. Depuis le début de l’année 2024, l’armée nord-coréenne a lancé un missile hypersonique à carburant solide et a effectué des tirs d’artillerie avec des munitions réelles près de la frontière maritime avec le Sud. eEn janvier 2024, Pyongyang a affirmé, sans fournir de preuves tangibles, avoir testé un « système d’armement nucléaire sous-marin » en réponse aux manœuvres navales sud-coréennes. En effet, selon l’agence KCNA, le 19 janvier aurait marqué un « test important du système d’armement nucléaire sous-marin Haeil-5-23 » en développement en mer du Japon. Le système en question semble être constitué de drones capables de lancer des contre-attaques contre des sous-marins en utilisant les armes nucléaires détenues par Pyongyang.

Selon un communiqué de l’état-major interarmées sud-coréen daté du 28 janvier, la Corée du Nord aurait procédé au lancement de plusieurs missiles de croisière non identifiés près des eaux de Sinpo, dans le cadre d’une mise à jour constante de son arsenal. Il est pertinent de noter que les essais de missiles de croisière, qui volent dans l’atmosphère, échappent aux sanctions imposées par l’ONU à la Corée du Nord, contrairement aux missiles balistiques dont la trajectoire s’effectue principalement dans l’espace. Ces tirs de missiles semblent viser à maintenir la pression sur la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon. De manière régulière, ces trois pays organisent des exercices militaires conjoints. En décembre 2023, ils ont annoncé de concert la mise en service d’un système de partage de données en temps réel relatif aux tirs de missiles nord-coréens.

Une situation économique précaire

L’agitation actuelle doit également être mise en perspective avec la situation économique précaire de la Corée du Nord, qui demeure le pays le plus soumis à des sanctions internationales. Confronté à des défis économiques et sociaux importants, le pays connaît également des tensions avec ses voisins. Il est crucial de noter que le régime de Pyongyang est motivé avant tout par la nécessité de garantir sa survie. Étant donné la nette supériorité des États-Unis et de leurs alliés, la Corée du Nord ne peut se permettre d’engager un conflit qu’elle ne pourrait remporter. Ainsi, la politique de Pyongyang, bien qu’imprévisible, n’est en aucun cas irrationnelle.

En bref, la région est confrontée à un risque d’escalade bien réel, qui semble persister depuis l’arrivée au pouvoir de Yoon Suk-yeol et de Joe Biden. L’année 2024, marquée par les élections américaines, promet d’apporter de nombreux rebondissements à l’ensemble de l’Asie de l’Est.

Article de Léo Rebouillat, stagiaire chez IDN France 

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L’association Initiatives pour le Désarmement Nucléaire (IDN) a pour but d’œuvrer à l’élimination progressive et équilibrée des armes nucléaires de la planète, pour contribuer à l’édification d’un monde plus sûr.
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