Du 1er au 26 août se tiendra à New York la 10ème Conférence d’examen des États Parties au Traité sur la Non-Prolifération des Armes nucléaires (TNP). Ce grand rendez-vous quinquennal a été reporté deux fois depuis 2020 pour cause de pandémie. IDN y sera représentée comme 160 organisations de la société civile.
Pour mémoire, ce traité a été ouvert à la signature en 1968 et est entré en vigueur en 1970. La France et la Chine n’y ont adhéré que 22 ans plus tard, en 1992. Il prévoyait des obligations pour deux catégories d’États : ceux qui avaient fait exploser une arme nucléaire avant le 1er janvier 1967, qualifiés d’États « dotés d’armes nucléaires« , s’engageaient à ne pas les transférer aux États non dotés, à négocier avec les autres États en vue du désarmement général et complet et à les faire bénéficier des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire ; les États non dotés, eux, s’engageaient à ne pas acquérir d’armes nucléaires en acceptant le régime de vérification de l’AIEA. Le TNP est désormais quasi universel puisque seuls l’Inde, Israël, le Pakistan n’en sont pas membres et que la Corée du Nord s’en est retirée.
Souvent présenté, notamment par la France, comme la « clé de voûte » du système international de sécurité, le TNP a certes permis de limiter le nombre de puissances nucléaires, bien qu’il n’ait pas empêché leur nombre de doubler, passant de cinq à dix (si l’on inclut l’Afrique du Sud, qui a désarmé en 1990). Il a accompagné la réduction des arsenaux nucléaires bien qu’il n’ait pas empêché ceux-ci d’augmenter jusqu’en 1985 à 70.000 armes pour atteindre aujourd’hui un niveau de 12.700, toujours capable de détruire plusieurs fois l’humanité et la planète.
C’est la frustration de la majorité des pays non nucléaires devant les promesses bafouées par les États « dotés » qui a abouti à l’adoption (en 2017) et l’entrée en vigueur (en 2021) du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Loin de menacer ou d’affaiblir le TNP, comme le prétendent les puissances nucléaires, dont la France, le TIAN ne fait que permettre la mise en œuvre de l’Article VI du TNP sur les négociations en vue du désarmement. Ce nouveau traité s’inscrit donc bien dans l’approche « étape par étape » préconisée par les puissances nucléaires et qui inclut des traités comme ceux sur l’interdiction totale des essais nucléaires ou l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement, lesquels ne sont pas en vigueur par la faute de certaines puissances nucléaires.
IDN s’associe donc aux autres mouvements de la société civile pour demander instamment aux puissances nucléaires et à leurs alliés de saisir l’occasion historique de cette conférence pour adopter et mettre en œuvre les mesures indispensables à la réduction du risque d’emploi intentionnel, accidentel ou terroriste des armes nucléaires. A l’heure où ce risque est aggravé par les menaces russes dans sa guerre contre l’Ukraine, il est urgent de reconnaître l’illégalité des armes nucléaires en vue de leur élimination, afin de sauver l’humanité et l’environnement. IDN rappelle à cet égard son Plan d’action en 12 points présenté en 2019, qui reste plus que jamais d’actualité.