Ci-dessous un communiqué d’IDN écrit par Emilien Houard-Vial, et le lien d’une interview de Paul Quilès donnée à RTS le 23 novembre.
Donald Trump, désormais bien connu pour ses actions diplomatiques irresponsables et inconséquentes, vient d’annoncer à des journalistes américains le retrait des Etats-Unis de l’Intermediate-range Nuclear Forces Treaty (INF). Ce traité, signé par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1987, visait à éliminer les missiles nucléaires d’une portée comprise entre 500 et 5500 kilomètres. Symbole du contrôle des armes nucléaires, ce traité avait mis fin à la dernière grande crise nucléaire de la guerre froide et initié un dialogue efficace entre deux pays possédant encore à ce jour 92% des armes nucléaires mondiales.
Le retrait américain, prétendument motivé par des violations de la part de la Russie avérées dès 2014, est donc un signal extrêmement négatif envoyé à une communauté internationale qui fait face à des risques toujours plus grands de prolifération nucléaire. En évitant délibérément les solutions diplomatiques – dont celle de donner des gages à la Russie quant au caractère défensif du son système antimissiles de l’OTAN – Washington joue un jeu dangereux qui utilise les armes nucléaires comme outil de chantage international.
Alors que les actes s’éloignent toujours plus du discours officiel sur la dissuasion nucléaire, les Américains viennent de prendre de manière unilatérale une décision potentiellement dévastatrice pour les Européens, puisqu’ils sont par définition les principaux concernés par un conflit utilisant des armes nucléaires de moyenne portée. Comme du temps de la guerre froide, l’Europe redevient le potentiel champ de bataille nucléaire de puissances extérieures, sans même avoir cette fois-ci l’illusion d’être protégée par l’OTAN, qui n’a ici pas eu son mot à dire.
Face à une telle folie, les Européens doivent s’élever avec vigueur contre la décision du Président Trump et exiger le maintien des Etats-Unis dans le traité INF ainsi que l’instauration d’un dialogue multilatéral concret pour garantir la sécurité du continent européen. Il est plus que temps de ne plus se laisser faire.
Emilien Houard-Vial, membre du Bureau d’IDN.
Interview de Paul Quilès à la radio suisse RTS
La décision unilatérale des Etats-Unis de sortir du Traité, prise sans consulter l’OTAN ou l’Europe, crée des inquiétudes fortes et met en danger une situation internationale instable. L’Europe risque de redevenir ainsi un champ de bataille nucléaire potentiel. Face à l’escalade verbale de Trump, et tandis que la course aux armements s’accélère, il est temps que la diplomatie reprenne ses droits. Il faudrait que l’Europe prenne des initiatives pour mettre en place un régime global qui éliminerait tous les types de missiles balistiques et de croisière dont la portée est située en 500 et 5000 km.