Turquie : le bluff nucléaire ?

Les récentes déclarations du président turc Recep Tayyip Erdoğan sur la volonté de la Turquie d’acquérir l’arme nucléaire, dénonçant un système « injuste », alimente de vives inquiétudes quant à la prolifération nucléaire au Moyen-Orient. La Turquie possède un programme nucléaire civil, que certains analystes considèrent à risque. Dans un contexte de crise des relations américano-turques et de rapprochement avec la Russie notamment en matière de défense, le plus grand danger concernant le nucléaire en Turquie demeure la présence d’armes nucléaires tactiques américaines de type B-61 sur son sol. Dans le contexte de l’offensive turque contre les milices kurdes en Syrie, elles pourraient devenir un outil de négociation de poids pour la Turquie.

Au cours du mois de septembre, la Turquie a ajouté un élément à son agenda géopolitique pourtant déjà chargé : l’arme nucléaire. A la tribune des Nations Unies le 24 septembre, Recep Tayyip Erdoğan a demandé que tous les pays soient mis sur un pied d’égalité face à l’arme nucléaire. « Nous faisons face à un problème d’injustice », a-t-il expliqué. « Ceux qui la possèdent l’utilisent comme moyen de pression, menaçant ceux qui ne l’ont pas. Il faut soit l’interdire à tout le monde, soit la rendre accessible à tous ». Plus tôt dans le mois, Erdoğan avait déjà critiqué le fait que certains pays, dont le sien, soient sous pression pour ne pas acquérir l’arme nucléaire. Il avait alors déclaré que « certains (pays) possèdent des missiles avec des têtes nucléaires mais je ne devrais pas en avoir. Je n’accepte pas cela. Aucun pays développé au monde n’en a pas ». Et d’ajouter : « nous menons actuellement nos travaux ».

Les récentes déclarations du président Erdoğan vont à l’encontre de la politique officielle de la Turquie, de longue date, en matière de maîtrise des armements et de désarmement. Le Ministère des Affaires étrangères turc informe ainsi sur son site que « la Turquie attache une importance particulière à la maîtrise des armements et au désarmement. La participation active aux efforts internationaux dans ces domaines, l’adhésion aux instruments internationaux pertinents et leur mise en œuvre intégrale, ainsi que le maintien de la coordination entre les institutions concernées sont des éléments importants de la politique de sécurité nationale de la Turquie ». La rhétorique d’Erdoğan est clairement en contradiction avec cette position.

Un programme nucléaire civil à risque

L’aspiration turque à l’arme nucléaire n’est pourtant pas nouvelle. Dans les années 1980, l’ancien président Kenan Evren parlait de travailler avec le Pakistan sur la technologie nucléaire. Plus récemment, en 2006, le général Hilmi Özkök, ancien chef d’état-major de l’armée, abordait le sujet dans son discours d’adieu. Spécialiste allemand des questions de défense et des armes de destruction massive, Hans Rühle avançait dès 2014 dans les colonnes du quotidien Die Welt que, sous couvert de son programme nucléaire civil, la Turquie cherchait à se doter de l’arme nucléaire. Selon lui, plusieurs éléments allaient alors dans ce sens.

Officiellement, la Turquie mène un programme nucléaire civil depuis la fin des années 1950. Plusieurs plans pour la construction d’une centrale nucléaire en Turquie furent évoqués, puis abandonnés. Le programme nucléaire turc est relancé sous l’impulsion d’Erdoğan pour parer aux besoins énergétiques toujours plus grands de son pays et de son industrie florissante. Deux projets ont ainsi vu le jour : l’un à Akkuyu, mené par le géant russe Rosatom, et l’autre à Sinop, confié à un consortium franco-japonais associant Engie (qui s’est retiré depuis), Areca, Mitshubishi Heavy Industry et Itochu.

Lorsqu’une entreprise obtient la construction d’une centrale nucléaire, elle s’engage habituellement auprès de l’État concerné à exploiter le projet pendant 60 ans, à fournir l’uranium nécessaire à la bonne exploitation des réacteurs, puis à retraiter les déchets – le combustible irradié. Or, avait souligné Hans Rühle, si Rosatom et le consortium franco-japonais ont proposé un tel accord, la Turquie a refusé dans l’immédiat de fixer contractuellement la fourniture d’uranium et la restitution du combustible irradié. Selon l’expert allemand, cela signifie que la Turquie prévoit de produire elle-même son uranium. Le combustible nucléaire usé serait quant-à-lui conservé pour isoler la part de plutonium qu’il contient, dans le but de mettre au point une bombe au plutonium.

Missiles et prolifération nucléaire

En outre, Hans Rühle a souligné que la Turquie avait lancé un programme militaire en 2011 pour l’élaboration de missiles moyenne portée. Or, pour lui, « les missiles moyenne portée ne sont adaptées qu’aux armes de destruction massives, en raison de leur faible exactitude de tir et de leur charge ». De plus, les étroites relations d’Ankara avec le Pakistan, notamment dans les domaines de la recherche et de la défense, renforcerait la thèse du risque de duplicité du programme nucléaire turc. Les deux pays ont en effet signé une soixantaine d’accords militaires ces dernières années. Le groupe de consultation militaire, créé en 2003, s’est transformé en un « conseil de coopération de haut niveau ».

Surtout, la Turquie avait contribué à la mise en place du programme d’armement nucléaire pakistanais dans les années 1980. De nombreux composants avaient été livrés à Islamabad via la Turquie. Les Turcs ont aussi joué un rôle de premier plan dans les activités du contrebandier nucléaire pakistanais Abdul Qadeer Khan. L’électronique nécessaire à ses travaux provenaient de partenaires turcs. Le groupe turc EKA sera d’ailleurs sanctionné par les États-Unis pour son rôle dans les activités proliférantes de Khan. En 1998, le Premier ministre pakistanais de l’époque, Nawaz Sharif, avait même proposé aux Turcs un « partenariat nucléaire » dans le domaine de la recherche.

Une question de sécurité dans une région instable

Les déclarations d’Erdoğan sont éminemment géopolitiques. Le président turc considère la bombe atomique comme une arme politique redoutable. Si l’arme nucléaire accroît inévitablement l’insécurité mondiale, ses défenseurs considèrent qu’elle confère un État de la puissance, du prestige et une position dominante. La Turquie semble considérer que l’arme nucléaire pourrait lui assurer une certaine sécurité face à des voisins ravagés par la guerre (Irak, Syrie), des menaces terroristes à son encontre (PKK, Daesh) mais aussi face à ce qu’elle considère comme des intimidations incessantes de la part des puissances mondiales comme les États-Unis.

Israël notamment, inquiète la Turquie. Erdoğan l’a mentionné : « nous avons Israël tout près, presque des voisins. Ils effraient (les autres nations) en la possédant. Ils sont intouchables ». En effet, l’on considère qu’Israël possède un arsenal nucléaire considérable. Le pays maintient pourtant une politique d’ambiguïté sur le sujet, refusant de confirmer ou de nier ses capacités. La question économique est également en jeu : Ankara mise beaucoup sur le développement de son industrie de la défense, qui est en pleine croissance. La Turquie n’est aujourd’hui dépendante qu’à 30% de matériels venus de l’étranger. Elle renforce de plus ses capacités militaires par l’acquisition de systèmes les plus évolués au monde, comme les systèmes de missiles russes S-400. Le dossier nucléaire iranien polarise également les tensions : l’Arabie Saoudite, l’Égypte et la Turquie avaient déjà fait part de leur volonté de poursuivre la bombe atomique si l’Iran la possédait.

La crise des relations américano-turques

La déclaration d’Erdoğan sur la question nucléaire doit aussi être replacée dans le contexte plus large de la crise des relations américano-turque. La Turquie s’éloigne depuis plusieurs années des États-Unis, allié historique d’Ankara au sein de l’OTAN. La Turquie ressert ses liens avec la Russie, notamment en matière de défense. Son achat du système de défense antimissile S-400 à Moscou a provoqué une crise diplomatique avec Washington. La participation de la Turquie au programme de construction et d’exploitation des avions de combat F-35 a été gelée. Ses forces aériennes, principale source de dissuasion du pays, s’en retrouveront affaiblies. Dans le même temps, les États-Unis soutiennent le projet de la Grèce et d’Israël de construire des corridors énergétiques dans l’est de la Méditerranée, excluant la Turquie.

Enfin, la crise syrienne, où la Turquie est coincée entre la Russie et les États-Unis, enflamme les débats. Ankara reprochait de longue date à Washington son soutien aux militants kurdes du nord de la Syrie. Le retrait des troupes américaines par Donald Trump a entraîné l’invasion du nord-est de la Syrie par la Turquie, qui a revendiqué son droit à l’auto-défense contre une « menace terroriste imminente ». Ankara souhaite ainsi garantir la sécurité de ses frontières des milices kurdes de Syrie, qu’elle qualifie de « terroristes », et de l’État islamique. Le Congrès américain envisage désormais d’imposer des sanctions sévères à la Turquie.

Face à sa situation géopolitique difficile, Erdoğan brandit sa « carte nucléaire » inexistante en guise d’avertissement aux forces – qu’elles soient étatiques ou non-étatiques – qui pourraient vouloir déstabiliser la Turquie. En défendant son droit aux armes nucléaires, la Turquie désire prouver qu’elle ne reculera pas devant les menaces. Nationaliste en quête de reconnaissance internationale, le président turc souhaite également se faire le porte-parole des pays se battant contre l’ordre mondial inégalitaire imposé par les États-Unis et dominé par les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Faut-il craindre une arme nucléaire turque ?

Avec une base industrielle développée et un potentiel certain en ingénierie, la Turquie possède le savoir scientifique pour la mise en œuvre d’un programme nucléaire militaire. Si le lancement officiel d’un tel programme n’est pas à exclure à l’avenir – en particulier si l’accord sur le nucléaire iranien venait à s’effondrer –, les obstacles seront nombreux avant que la Turquie ne puisse disposer de l’arme nucléaire. Le premier concerne les infrastructures nécessaires. La Turquie possède certes un réacteur de recherche depuis 1979, mais ce n’est qu’en 2018 qu’Ankara a pu jeter les fondements de sa première centrale nucléaire à Akkuyu. Le premier bloc devrait entrer en activité en 2023.

De plus, la Turquie a adhéré au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1980. Elle est signataire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (1996), qui interdit tout essai nucléaire ou tout autre type d’explosion nucléaire, que ce soit à des fins pacifiques ou militaires. Ankara s’est également engagée à respecter le régime de contrôle de la technologie des missiles qui interdit la prolifération des missiles balistiques chimiques, biologiques et nucléaires, ainsi que le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques de 2002. Elle est enfin membre fondateur de l’Arrangement de Wassenaar de 1996 sur le contrôle des exportations d’équipements et de technologies à double usage – c’est-à-dire qui peuvent être utilisées à la fois à des fins civiles et pour le développement des armes nucléaires.

La Turquie ne peut donc pas mener de programme nucléaire à vocation militaire, sauf à se retirer de tous ces instruments internationaux – ce qui l’exposerait à des sanctions de la part de la communauté internationale. Cela prendrait en outre des décennies avant que la Turquie ne possède la bombe. La Turquie devra en effet trouver un État nucléaire disposé à coopérer. Le Pakistan, proche allié de la Turquie, pourrait être candidat à ce rôle. Cependant, il est peu probable qu’Islamabad prenne le risque de remettre en cause la dérogation dont le pays bénéficie vis-à-vis du régime international de maîtrise des armes nucléaires. En effet, le Pakistan, comme l’Inde, possède l’arme nucléaire sans avoir signé le TNP. Une autre solution, hautement improbable, reviendrait à voler une bombe B-61 aux États-Unis au sein de la base aérienne d’Incirlik. La Turquie ne dispose cependant pas les avions nécessaires pour livrer de telles armes, et ses pilotes ne sont pas formés à cette mission.

La base d’Incirlik au centre des inquiétudes

L’affirmation d’Erdoğan selon laquelle la Turquie pourrait se lancer dans la course au nucléaire alimente de vives inquiétudes quant à la prolifération au Moyen-Orient. Le changement de rhétorique du président turc doit être pris au sérieux. Il est cependant peu probable que la Turquie lance un tel projet dans un futur proche. Il est peu dire que les réactions que cela susciterait n’aideraient pas la Turquie à se sortir du goulet d’étranglement géopolitique dans lequel elle est plongée. Il semble que la Turquie veuille plutôt utiliser le spectre de l’arme nucléaire comme une menace pour gagner en prestige sur la scène internationale et obtenir ce qu’elle veut.

L’élément nucléaire le plus inquiétant en Turquie à l’heure actuelle demeure la présence d’armes nucléaires tactiques américaines sur le sol turc. La Turquie fait en effet partie des cinq pays de l’OTAN qui accueillent des bombes nucléaires américaines de type B-61 sur leur sol, au titre du concept de « partage nucléaire ». La politique de dissuasion nucléaire de l’OTAN implique en effet des pays membres ne possédant pas l’arme nucléaire dans la planification et l’utilisation de celle-ci par l’OTAN. Des armes nucléaires américaines sont ainsi stockées sur le sol de cinq pays européens, sous le contrôle de l’armée américaine, en temps de guerre comme en temps de paix. En cas de conflit, ces armes sont alors installées sur des avions de guerre des pays participants. En ce sens, la Turquie est depuis 1952 la gardienne d’une cinquantaine de bombes nucléaires B-61 sur la base aérienne d’Incirlik.

La pertinence de la présence de ces armes sur le sol turc est questionnée depuis de nombreuses années. L’instabilité en Turquie et dans la région, ainsi que les relations étroites entre Ankara et Moscou inquiètent. En 2016 déjà, le coup d’État avorté avait entraîné une coupure d’électricité dans la base. Si les États-Unis avaient démenti toute atteinte à la sécurité de la base, le niveau de sécurité avait été relevé au niveau le plus élevé, le niveau DELTA, et le personnel turc interdit d’accès à la base. Surtout, la base d’Incirlik n’est qu’à une centaine de kilomètres de la frontière syrienne. A la suite de la tentative du coup d’État raté de 2016, le think-tank Stimson Center avait mis en doute la sécurité des armes nucléaires stationnées dans la base, avertissant que les armes pourraient tomber entre les mains de « terroristes ou autres forces hostiles » (1).

Un outil de négociation

Les B-61 américaines sont aujourd’hui devenues des pièces de négociation potentielles après l’offensive turque en Syrie. Bien que Donald Trump ait donné son feu vert à l’offensive, il a déclaré qu’il émettrait de nouvelles sanctions contre la Turquie pour la pousser à mettre fin à son attaque contre les forces kurdes en Syrie. Erdoğan a déclaré qu’il réagirait de manière agressive aux tentatives occidentales d’isolement d’Ankara sur la scène internationale. Or, la présence des armes nucléaires B-61 sur la base aérienne d’Incirlik complique les calculs de Washington.

Selon de hauts responsables américains cités par le New York Times (2), la Turquie « prend en otage » les armes américaines. Les relations tumultueuses entre les deux pays ont incité les responsables de l’administration américaine à rechercher un plan d’évacuation des armes nucléaires d’Incirlik. Des projets visant à éliminer les bombes ont souvent été envisagés, mais jamais mis en œuvre. Il est aujourd’hui plus urgent que jamais de retirer ces armes du sol turc, même si la manœuvre s’avère difficile. Selon les hauts diplomates interrogés par le New York Times, cela marquerait « la fin de facto de l’alliance turco-américaine ».

Les extraire de la base, les déplacer puis les faire sortir de l’espace aérien turc dans ces circonstances est aussi une manœuvre risquée, car cela rendrait les armes d’autant plus vulnérables aux accidents, aux vols ou aux attaques. Laisser les bombes à Incirlik représente cependant une vulnérabilité perpétuelle que les États-Unis ne peuvent plus se permettre dans un contexte de délitement total des relations entre Washington, l’Europe et Ankara.

(1) https://www.stimson.org/content/b61-life-extension-program-costs-and-policy-considerations

(2) https://www.nytimes.com/2019/10/14/world/middleeast/trump-turkey-syria.html

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Solène VIZIER

Solène Vizier est diplômée d’un Master 2 Études Stratégiques. Passionnée de géopolitique, ses domaines de spécialisation concernent les mondes hispanophone et russophone, le désarmement nucléaire et la géopolitique du sport. Au sein d’IDN, elle est chargée du pôle “Rédaction”.
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Solène VIZIER

Solène Vizier est diplômée d’un Master 2 Études Stratégiques. Passionnée de géopolitique, ses domaines de spécialisation concernent les mondes hispanophone et russophone, le désarmement nucléaire et la géopolitique du sport. Au sein d’IDN, elle est chargée du pôle “Rédaction”.

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Une réponse

  1. Il est évident de longue date que le non respect des engagements du TNP puis le refus de participer à la rédaction du traité d’interdiction et d’élimination que le TNP prévoit par les États dotés de bombes atomiques ne peut que contribuer à stimuler les velléités de prolifération. La Turquie n’est qu’une nouvelle étape de ce dangereux processus, sans aucun doute avant d’autres développements. L’argument turc est imparable, connu de longue date et dénié par les États dotés : pourquoi maintenir cet apartheid, qui garantirait sécurité et puissance pour quelques uns et qui les interdirait à tous les autres, en les vassalisant?
    Comme l’article le démontre très bien, la Turquie présente de plus un risque supplémentaire, dans une position d’une extrême instabilité entre l’OTAN, la Russie, le Moyen Orient et le Pakistan.
    Ce que l’article omet et qui est sans doute plus grave, c’est de souligner la position politique instable du Président turc à l’intérieur de son pays, qui le pousse à des actes belliqueux de reconquête de son autorité et de sa légitimité. L’exemple argentin avec la guerre des îles Malouines est assez parlant. À un « détail » près : le risque de conflit impliquant des armes nucléaires.
    Il n’existe à celà qu’une solution : que les États dotés établissent et mettent en place l’agenda de désarmement nucléaire général et complet auquel il se sont engagés et qu’ils bafouent aujourd’hui en se rearmant à grands frais. En premier lieu en considerant enfin le TIAN comme une première étape de cet agenda, que l’article VI du TNP le prévoit.
    Faute de quoi ils porteront devant les peuples et devant l’histoire la responsabilité des crimes contre l’humanité que tout conflit impliquant des armes nucléaires ne peut qu’entrainer.