Dans le sillage de la Russie, tous les États dotés de l’arme nucléaire ont entrepris la modernisation de leurs forces nucléaires. Les États-Unis, en particulier, ont revu leur posture nucléaire sous l’administration Trump. Entre options nucléaires élargies, vaste programme de modernisation et développement des armes nucléaires tactiques, l’on assiste à un regain du rôle des armes nucléaires dans la stratégie de défense américaine. La modernisation des arsenaux nucléaires inquiète dans un contexte d’abandon des grands traités de réduction et d’élimination des armes nucléaires.
L’arme nucléaire, première menace à la stabilité internationale
Lors de son allocution d’ouverture de la 72e Assemblée générale des Nations Unies (2017), le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres décrivait le péril nucléaire comme la première des sept grandes menaces auxquelles le monde doit actuellement faire face. “Aujourd’hui, partout dans le monde, les craintes suscitées par les armes nucléaires sont à leur paroxysme depuis la fin de la guerre froide”, déclarait-il alors. Depuis quelques années, le monde est entré dans une nouvelle et dangereuse période. La concurrence nucléaire est redevenue la première menace à la stabilité internationale. L’importance accrue donnée aux armes nucléaires dans les systèmes de défense inquiète.
Depuis la fin de la Guerre Froide, l’on assiste pourtant à une baisse constante du nombre d’armes nucléaires dans le monde. Le Stockholm International Peace Research Institute estime ainsi à 13 865 le nombre d’armes nucléaires dans le monde en 2019[1]. Les États-Unis et la Russie possèdent encore 90% du total de cet arsenal nucléaire. Les différents accords conclus entre les deux puissances ont permis de réduire considérablement leurs stocks nucléaires.
Les progrès réalisés en matière de désarmement ne se sont pas limités à Moscou et Washington. La Libye, la Syrie, l’Irak ou l’Afrique du Sud ont renoncé à leurs ambitions nucléaires. L’Iran a signé le Plan d’action global conjoint (JCPOA) en 2015. L’Accord de Vienne limite ainsi sa capacité à acquérir nombre des conditions préalables essentielles à la construction d’une bombe atomique. La communauté internationale a fortement sanctionné la Corée du Nord pour ses velléités nucléaires. En outre, aucune arme nucléaire n’a été utilisée au combat depuis août 1945. Mais les obstacles au désarmement nucléaires demeurent nombreux et colossaux.
Une modernisation globale des arsenaux nucléaires
Aujourd’hui, toute l’architecture de sécurité mise en place après 1991 est vacillante. La modernisation des arsenaux nucléaires dans un contexte d’abandon des grands traités de réduction et d’élimination des armes nucléaires laisse également craindre une nouvelle course aux armements nucléaire. Tous les États, dont la Russie, modernisant leurs programmes nucléaires.
Pour les 70 ans du régime communiste, la Chine a dévoilé début octobre de nouveaux armements visant à combler son retard technologique et à s’aligner sur les capacités américaines. Le missile balistique intercontinental (ICBM) DF-41 pourra ainsi porter trois à dix têtes nucléaires. D’une portée de 14 000km et lancé depuis une plateforme mobile, il pourra toucher tout point des États-Unis. La Chine a aussi présenté une nouvelle version de son bombardier stratégique H6-N et un missile balistique mer-sol JL-2. La Corée du Nord, quant-à-elle, place son programme nucléaire militaire au cœur de sa stratégie de sécurité nationale.
L’Inde, le Pakistan et Israël ont de leur côté lancé des programmes de modernisation, voire d’augmentation de leurs arsenaux nucléaires. Bien que gardant son arsenal secret, Israël développerait des missiles nucléaires à lanceur naval[2]. Après avoir acquis une triade nucléaire complète en août 2018, l’Inde souhaite désormais la renforcer[3]. Elle modernise ses chasseurs-bombardiers, ses missiles balistiques sol-sol et mer-sol et construit un second sous-marin nucléaire lanceur d’engins. Le Pakistan, en réponse directe à l’Iran, modernise aussi ses missiles terrestres. Islamabad met l’accent sur les missiles de portée limitée.
La Nuclear Posture Review de Trump ou l’élargissement des options nucléaires
Aux États-Unis également, l’on assiste à un regain d’importance du rôle des armes nucléaires dans la stratégie de défense américaine. La revue de la posture nucléaire publiée par l’administration Trump en février 2018 prend ses distances avec la NPR 2010. Ce rapport du Pentagone établit la politique, la stratégie, les capacités et le dispositif des forces nucléaires américaines pour les cinq à dix ans à venir. Dans un “contexte de sécurité dégradée”, elle abandonne l’objectif de réduction du nombre et du rôle des armes nucléaires. Avec un accent mis sur la dissuasion nucléaire comme fondement de la stratégie américaine de défense, la NPR marque le retour des États-Unis dans la compétition des grandes puissances atomiques.
Selon le document, les armes nucléaires américaines ont vocation à “empêcher la guerre” et à “défendre les intérêts vitaux” des États-Unis et de leurs alliés pour la “survie de la nation”. La doctrine officielle mentionne également que “les États-Unis n’emploieront pas ou ne menaceront pas d’employer des armes nucléaires contre des États non dotés d’armes nucléaires qui sont parties au TNP et respectueux de leurs obligations de non-prolifération nucléaire”.
Cependant, aucune mention n’est faite d’un non-usage en premier de l’arme nucléaire. Surtout, la NPR n’exclut pas l’utilisation de l’arme nucléaire pour compenser un désavantage sur le plan conventionnel. Une riposte nucléaire pourrait ainsi être envisagée contre des “agressions stratégiques non nucléaires incluant, mais sans s’y limiter, des attaques sur la population ou les infrastructures civiles des États-Unis, de leurs alliés et partenaires, des attaques sur les forces nucléaires américaines ou alliés, leurs capacités de commande et contrôle, ainsi que d’alerte et d’évaluation de l’agression”.
1,2 billions de dollars pour la modernisation de la triade nucléaire
Selon la NPR, l’arsenal nucléaire américain doit alors “moderne, robuste, flexible, résilient, prêt et adapté de manière appropriée pour dissuader les menaces du XXIe siècle et rassurer [ses] alliés”. Les États-Unis ont, pour cela, mis en place un vaste et coûteux programme de modernisation de leur triade nucléaire vieillissante. Si Trump s’acharne à défaire la plupart des travaux d’Obama, il a choisi de poursuivre le plan de son prédécesseur. Son coût est estimé à 1,2 billions de dollars jusqu’en 2046, dont 494 milliards seront alloués entre 2017 et 2026. La modernisation couvre tout l’arsenal nucléaire américain : la triade de vecteurs nucléaires, les ogives, les infrastructures de soutien, et les systèmes de commandement et de contrôle.
Les États-Unis procèdent ainsi à la remise à niveau de cinq ogives : W76, W80, W87, W88 et les B61. Le missile balistique intercontinental (ICBM) Minuteman III, le missile balistique à lanceur sous-marin (SLBM) Trident II et les bombardiers B-2 et B-52 font aussi l’objet d’une modernisation. En outre, de nouveaux systèmes vont remplacer les capacités existantes. Les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Colombia se substitueront à ceux de la classe Virginia. Le B-21 remplacera les bombardiers B-1 et B-52 à partir de 2025. Le système de dissuasion stratégique terrestre (GBSD) devrait prendre la place du Minuteman III en 2028. Enfin, Washington a récemment abandonné l’utilisation de disquettes dans ses systèmes de commandement et de contrôle d’armes nucléaires.
Pour rappel, dans un article publié dans le Bulletin of the Atomic Scientists, Hans M. Kristensen et Matt Korda estiment que les États-Unis posséderaient 6 185 ogives nucléaires. Parmi celles-ci, 1 750 têtes nucléaires seraient actuellement déployées, dont 1 393 ogives stratégiques. Les ogives restantes sont entreposées ou en attente de démantèlement. Ces armes nucléaires sont présentes sur vingt-quatre lieux géographiques, dans onze États américains et cinq pays européens.
Abaissement du seuil d’emploi
Si, jusqu’alors, les États-Unis s’étaient contentés de mettre à niveau ou remplacer leurs capacités existantes, ils souhaitent désormais élargir leur arsenal, pour renforcer la “flexibilité et la gamme de leurs options de dissuasion sur mesure”. Le Pentagone veut ainsi construire de nouvelles armes tactiques de puissance limitée, des “mini-armes nucléaires”. L’arsenal non-stratégique comportait jusqu’ici uniquement 1 000 bombes à gravité B-61. En janvier 2019, la première unité de la nouvelle arme de faible puissance, l’ogive W76-2, est entrée en production. La Marine aurait dû recevoir cette modification de l’ogive W76-1 portée par les missiles Trident fin 2019.
Ces mini-bombes nucléaires ont cependant suscité des craintes quant à un possible abaissement du seuil nucléaire. Pour de nombreux observateurs, les W76-2 représentent une augmentation du risque d’escalade et d’emploi de l’arme nucléaire. La sénatrice Elizabeth Warren et dix-sept sénateurs démocrates ont ainsi demandé l’interdiction du déploiement des têtes nucléaires à faible rendement. D’autres ont souhaité arrêter pour 2020 les financements prévus pour le développement de l’ogive W76-2. Mais, malgré des mois de négociations, le Congrès américain n’est pas parvenu à s’accorder sur le budget pour 2020. Les discussions quant aux financements accordés à la Défense sont donc toujours en cours.
Enfin, les États-Unis seraient sur le point de tester un nouveau missile balistique à portée intermédiaire. Ce test serait le premier depuis le retrait de Washington du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). Ce missile balistique sans capacité nucléaire pour l’instant aurait une portée de 3 000 à 4 000km.
New START : des négociations dans l’impasse
La modernisation des arsenaux nucléaires inquiète dans un contexte d’abandon des grands traités de réduction et d’élimination des armes nucléaires conclus entre la Russie et les Etats-Unis. Washington et Moscou ont pris acte de la mort d’un accord emblématique, le Traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces). Ce traité de 1987 abolissait toute une catégorie de missiles conventionnels ou nucléaires, d’une portée intermédiaire comprise entre 500 et 5 500 kilomètres, que la Russie et les États-Unis (qui a déjà procédé à un essai) pourraient de nouveau investir. Washington et Moscou menacent également de laisser expirer le Traité New START après février 2021. Signé en 2010, il maintient les arsenaux nucléaires russes et américains en deçà du niveau de la Guerre Froide. Il a réduit de manière vérifiable les stocks nucléaires américains et russes. Il a, en outre, instauré des mécanismes d’inspection et de vérification entre les deux États.
Les négociations entre Moscou et Washington pour la prolongation de cinq ans du traité sont dans l’impasse. Si la Russie se déclare ouverte aux négociations, les États-Unis se montrent réticents. Ils désirent que la Chine soit concernée par les dispositifs de contrôle des armements. Ils considèrent le Traité New START et le Traité INF) comme un handicap face à la Chine qui, elle, n’est pas astreinte aux traités et peut donc développer son arsenal sans entrave. Washington et Moscou souhaiteraient donc élargir les accords à l’Empire du milieu et à toutes les puissances nucléaires, ce que refuse la Chine. De plus, les États-Unis aimeraient inclure les nouveaux systèmes d’armements russes dans les traités.
La Russie attachée à une prolongation du traité
Or, le temps presse. Début novembre, la Russie a déclaré craindre que la conclusion d’un nouvel accord dans le temps imparti soit impossible. La révision du traité, d’autant plus s’il doit être élargi à d’autres pays, prendrait certainement des années. Moscou se déclare attachée aux traités de limitation des armements stratégiques, dans un objectif de parité avec Washington. Ils redoutent en outre une nouvelle course aux armements dans un contexte de réduction de leur budget militaire.
En ce sens, la Russie multiplie les gestes d’ouverture envers Washington. Fin septembre, Vladimir Poutine avait proposé l’instauration d’un moratoire sur le déploiement des missiles à portée intermédiaire et de courte portée en Europe. C’est pourquoi le Kremlin a formellement proposé aux États-Unis, mercredi 27 novembre, de prolonger le traité pour une période de cinq ans. Le vice-ministre aux Affaires étrangères Sergei Ryabkov a déclaré que la Russie se contenterait également d’une prolongation plus courte.
Garder le “dragon de feu” sous contrôle pour “sauver la planète”
Le monde risque désormais de se réveiller au printemps 2021 sans aucune limitation juridique des armes stratégiques. Le démantèlement des accords nucléaires entraînera une grave déstabilisation stratégique et une incertitude accrue, aggravées par le risque d’une nouvelle course aux armements. Des chercheurs de l’université américaine de Princeton ont ainsi imaginé le scénario d’un conflit nucléaire entre les États-Unis et la Russie, tel qu’il se produirait selon les procédures et les arsenaux nucléaires actuels. Si la simulation est partielle, critiquable et hautement improbable, le “Plan A” entraînerait la mort de 34,1 millions d’individus en l’espace de quelques heures. L’explosion blesserait au moins 57,4 millions de personnes, sans compter les conséquences à long terme des retombées nucléaires. Dans ce scénario catastrophe, l’Europe, prise en étau entre les deux puissances, serait rayée de la carte du monde.
Si ce scénario paraît aujourd’hui improbable, la fin des traités INF et New START risquerait de déclencher une nouvelle course aux armements entre Moscou et Washington, mais aussi en Asie-Pacifique, qui compromettrait le système de stabilité stratégique globale. Selon les mots de Vladimir Poutine, “si nous ne gardons pas ce “dragon de feu” sous contrôle, si nous le laissons sortir de la bouteille – Dieu nous en préserve – cela pourrait conduire à une catastrophe mondiale”. L’ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a quant-à-lui déclaré que “tant que les armes de destruction massive, les armes nucléaires existent, le danger est colossal”. Il a appelé à la destruction des armes nucléaires “pour nous sauver, nous et notre planète”.
Solène Vizier, membre du Bureau d’IDN
Sources
[1] Stockholm International Peace Research Institute, SIPRI Yearbook 2019: Armaments, Disarmement and International Security, Oxford University Press, septembre 2019.
[2] MACAIRE Axelle, “La modernisation des capacités nucléaires indiennes : une nécessité ?”, La note du CERPA, n°231, IRSEM, juillet 2019.
[3] DAY Joseph A., Une nouvelle ère pour la dissuasion nucléaire : modernisation, maîtrise des armements et forces nucléaires alliées, Commission de la Défense et de la sécurité (DSC), Assemblée parlementaire de l’OTAN, 12 octobre 2019.
Une réponse
Commentaire sur l’article IDN du 1er décembre 2019
http://www.idn-france.org/2019/12/modernisation-nucleaire-risques-aggraves-abandon-traites/
La guerre de la dernière chance.
Merci pour ce énième avertissement. Mais pour quel effet ? Le premier fut lancé, nous le savons, le 24 janvier 1946, par l’Assemblée générale des Nations Unies. On sait avec quel succès ! Les bombes atomiques se comptèrent ensuite par dizaines de milliers. Mais qu’il ne reste « que » 13 865, ou 5 000, ou même 1 000 bombes atomiques importe peu. La civilisation disparaîtrait avec seulement quelques unes d’entre elles. Et ces quelques unes sont prêtes à être tirées à chaque instant.
Les fous qui osent croire que c’est précisément la crainte de cet holocauste qui évite ce type de conflit se trompent lourdement et nous trompent, soit qu’ils soient dans une illusion de puissance ou par refoulement de cette horreur, soit qu’ils veuillent ignorer les risques de mauvais calcul, d’escalade, d’erreur ou d’accident pour des questions d’intérêts divers, moins avouables. Or ces risques sont inhérents à toute entreprise humaine, en particulier complexe comme l’est le système nucléaire militaire mondial.
Les engagements internationaux sont clairs, il ne parlent pas seulement de réduction, mais bien de désarmement général et complet. Cela reste masqué par de multiples dénis. Les accords et maintenant les désaccords sur les réductions d’armements nucléaires ne sont que mascarades souvent plus à usage de politique intérieure mais, bien sûr, ils accroissent le danger d’emploi de ces bombes atomiques.
Aujourd’hui 2 décembre le journal Les Échos se répand en commentaires « d’experts » sur l’urgence climatique avec l’ouverture de la « COP25 ». On le voit là encore, les « engagements » ne sont que chiffons de papier que l’on déchire au gré des sautes d’humeur de dirigeants imprévisibles en mal de soutien de leur population. Mais il y a pire, aucun des experts qui étalent leur prose dans les Échos n’évoque un seul instant cette menace du nucléaire militaire, pourtant la première de toutes ! Hors sujet, sans doute ! Une brève évocation du nucléaire « civil » signale simplement que le développement de cette énergie « décarbonée » serait encore de bon aloi, sans que soit dit un seul mot sur les déchets qu’elle produit pour des millénaires et dont nul ne sait que faire.
Ainsi, toutes les alertes lancées par la communauté internationale non prisonnière de l’illusion nucléaire, c’est-à-dire l’immense majorité de la population mondiale, n’ont eu aucun effet. Cette dernière, avec cet article pourtant de haut niveau, n’en aura sans doute pas davantage. C’est donc bien un constat d’échec absolu de toutes les actions de communication menées par les organisations luttant pour le respect des engagements au désarmement nucléaire général et complet. Cet échec total, en particulier en France, pays dont l’article ne parle pas mais qui sombre dans les mêmes travers, ces organisations doivent avoir le courage de le reconnaître afin d’avoir ensuite la volonté de changer de stratégie. Leur stratégie de communication adoptée jusqu’à ce jour est sans effet, voire contre productive, au même titre que l’est la dite « dissuasion », mais cette dernière n’a que faire de son « succès », qui ne réside que dans la possession et la production de bombes atomiques par quelques uns pour exercer leur hégémonie sur le reste de la planète et en tirer quelques profits immédiats. Le traité d’interdiction TIAN, indéniable avancée, n’est finalement devenu qu’un moyen de plus pour les États nucléaires et leurs vassaux de se gausser des « abolitionnistes », terme lancé avec mépris, alors que ces États nucléaires le sont en premier lieu puisqu’ils se sont eux-mêmes engagés à cette abolition ! Cette contradiction ne les gênent en rien, ils tiennent le sort du monde entre leurs mains.
C’est donc bien une nouvelle stratégie qu’il convient d’inventer pour que cette immense menace, qui pour sa part n’est due qu’à l’homme, soit éradiquée. Ainsi se refuser à l’inclure dans un débat sur la sauvegarde de l’environnement est insensé, à mois que ces « COPs » ne soient encore que l’arbre qui veut cacher volontairement la forêt nucléaire : une gigantesque manipulation. Une stratégie qui imposera la transition vers un monde sans « armes » nucléaires ne peut se satisfaire de communication, aussi ferme soit-elle. Elle doit s’appuyer sur des forces regroupées et sur la population en dépassant le seul niveau national. Elle doit intégrer des actions plus percutantes orientées vers les pouvoirs qui s’obstinent dans cette illusion nucléaire, que ces actions soient d’ordre juridique ou politique.
S’insurger sur l’aggravation de la menace nucléaire militaire ne suffit plus, n’a jamais suffit. Présenter des scenarios improbables d’apocalypse ne suffira pas non plus et peut même servir aux nucléaristes pour discréditer de nouveau la cause du désarmement. Sans doute d’autres actions sont elles nécessaires, dont la possible violence devra être proportionnée à l’indicible menace que brandissent les « fous du nucléaires ». C’est un guerre qu’il faut déclarer aux nucléaristes, avant que nous ne disparaissions tous sous la leur : la guerre de la dernière chance. Francis Lenne