La course aux armes nucléaires de 4ème génération: illégal et dangereux !

armes de quatrième générationAlors que le traité de non-prolifération, entré en vigueur en mars 1970, prévoit « la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée », des pays disposant d’infrastructures nucléaires développées, et tout particulièrement les puissances nucléaires, poursuivent des recherches dangereuses sur de nouvelles technologies de fusion de l’atome. Ces technologies pourraient conduire à la fabrication d’armes nucléaires nouvelles dites « de 4ème génération ».

 

Armes de première génération

On rappellera que la mise au point des armes nucléaires a successivement reposé sur deux technologies : La première est celle de l’explosion par fission, utilisée pour les bombes communément nommées « Bombes A ». La fission s’opère en propulsant un neutron contre le noyau d’un élément lourd fissile, comme l’uranium ou le plutonium afin de le fragmenter en libérant d’autres neutrons. Lorsque la quantité d’éléments fissiles atteint une « masse critique », on assiste à une réaction en chaîne au cours de laquelle les neutrons émis peuvent à leur tour casser d’autres noyaux fissiles en entretenant ainsi la réaction. Outre l’émission de neutrons, la fission génère des rayons gamma très énergétiques qui provoquent un flash lumineux, puis thermique, entraînant une explosion massive et incendiaire comme à Hiroshima et à Nagasaki en 1945.

Armes de deuxième génération

Les bombes de la deuxième génération, communément appelées « Bombes H » utilisent la fusion nucléaire, soit le procédé inverse de la fission des bombes de première génération. Au lieu de casser un élément lourd pour créer de l’énergie, on fait fusionner deux isotopes de l’hydrogène (deutérium et tritium) pour créer des noyaux d’hélium, avec un dégagement d’énergie plus important encore. C’est ce type de réaction qui a lieu au centre du soleil. Pour initier cette fusion, les bombes de deuxième génération sont déclenchées par une fission, sur le principe de la Bombe A. Cette technique, utilisée pour la production de la grande majorité des bombes nucléaires aujourd’hui, permet de multiplier les effets destructeurs de la Bombe A. La première bombe H expérimentée, Castle Bravo en 1954 (bombe américaine lâchée au-dessus de l’atoll Bikini dans le Pacifique) a dégagé une énergie équivalente à 15 Mégatonnes de TNT, 1000 fois plus que la bombe A d’Hiroshima.

Armes de troisième génération

La troisième génération permet de maximiser l’un des trois effets de l’arme nucléaire (radiation, souffle, choc thermique). Un exemple est la « Bombe N » ou « bombe à neutrons » qui tend à accroître l’émission de neutrons à l’explosion afin de pouvoir atteindre des cibles humaines même protégées par un épais blindage.

Et maintenant ?

Ces trois générations ont en commun la nécessité d’avoir recours à des matières fissiles (uranium hautement enrichi et plutonium de qualité militaire) et ont supposé, pour leur mise au point initiale, la réalisation d’explosions expérimentales. La puissance de ces armes ne peut en outre descendre en dessous du seuil constitué par la masse critique sans laquelle le processus de fission nucléaire ne peut se déclencher.

Des technologies sont cependant en cours de développement dans le but d’atteindre la fusion sans passer par la fission. Il s’agirait de parvenir à une réaction de fusion à faible énergie à partir d’une quantité réduite de combustible constituée de deutérium et de tritium. Toutes les recherches conduites en ce domaine n’ont pas un but militaire mais leur application militaire est envisageable : avec un laser qui « allumerait » le mélange deutérium-tritium, il serait par exemple possible de construire des bombes d’une énergie inférieure à 1000 tonnes de TNT. Toute une gamme d’armement qui n’existe pas actuellement, entre 1 tonne et 1000 tonnes de TNT pourrait alors être produite.

L’intérêt militaire de cette technologie serait de rendre l’arme nucléaire utilisable sur le théâtre d’opérations.

Elle permettrait de plus de déjouer beaucoup plus aisément les contrôles destinés à lutter contre la prolifération des armes nucléaires (notamment les contrôles du Groupe des fournisseurs nucléaires et les inspections de l’AIEA).

Il est dès lors impératif de soumettre les travaux relatifs aux technologies de fusion à une régulation internationale plus efficace afin d’assurer qu’ils ne conduisent pas à l’apparition de nouvelles puissances nucléaires (prolifération horizontale) ou à l’introduction, dans l’arsenal des puissances nucléaires existantes, d’armes nucléaires plus « utilisables » sur le théâtre d’opérations (prolifération verticale).

Simon Albert-Lebrun, avec la collaboration de Michel Drain, Dominique Lalanne et Annick Suzor-Wiener.

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