À l’occasion du vingtième anniversaire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il semble qu’Israël ait décidé d’appliquer une politique d’ouverture et positive pour la sécurité régionale et la non prolifération nucléaire à travers le monde…Le 13 juin dernier à Vienne, les diplomaties du monde entier se sont rencontrées pour commémorer le 20ième anniversaire de la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Ce traité, adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 1996, a été signé par 183 pays à ce jour. Mais il doit encore être ratifié par huit Etats détenteurs de technologie nucléaire (Chine, Etats-Unis, Inde, Pakistan, Corée du Nord, Egypte, Iran et Israël) pour entrer pleinement en vigueur.
Lassina Zerbo, secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE) a rencontré le Premier ministre Benyamin Netanyahu à cette occasion. Les quelques informations issues de ces discussions laissent entendre des progrès encourageants de l’Etat hébreu, Benyamin Netanyahu ayant notamment déclaré qu’Israël « soutient le traité et ses objectifs » et « que la question de la ratification dépend du contexte régional et du moment approprié ». Ces paroles positives doivent être mises en perspective avec :
- « le Plan global d’actions conjoint » signé entre l’Iran et le P5+1, le 14 juillet 2015, qui stipule (point 3 du préambule) que « L’Iran réaffirme qu’il ne cherchera en aucun cas à acquérir ni n’élaborera des armes nucléaires ». Cet engagement a pour conséquence d’interdire à l’Iran de tester tous engins nucléaires, soit une application de fait du TICE ;
- la volonté de la France d’inciter Israël à ratifier le TICE, par de nombreux échanges entre les deux pays depuis le début de l’année 2016.
Ces avancées – certes timides, mais positives – démontrent une nouvelle fois qu’une action diplomatique forte et active peut apporter des résultats concrets et encourageants dans la perspective d’un monde sans armes nucléaires. Une approche qui est encourageante pour Pierre Goldschmidt, expert au sein de la Carnegie qui estime que la ratification du TICE permettrait de poser les bases d’une réelle discussion sur la création d’une zone exempte d’arme nucléaire et d’arme de destruction massive au Moyen-Orient.
Rappel :
- Etat des forces nucléaires : Israël a toujours maintenu le doute sur le fait qu’elle possédait des armes nucléaires. Son arsenal est estimé à environ 80 armes, composées de bombes à gravité, de missiles balistiques sol/sol Jéricho II de moyenne portée et des missiles de croisière lancés à partir des sous-marins de classe Dolphin.
- Le TICE interdit toutes les explosions nucléaires, qu’elles soient effectuées dans l’atmosphère, sous la mer, sur terre ou sous la terre. Le traité a été ouvert à la signature des Etats en septembre 1996. Il comprend actuellement 183 Etats-membres, dont 164 qui l’ont ratifié. Cependant, pour entrer en vigueur, le TICE doit être ratifié par 44 Etats détenteurs de la technologie nucléaire (militaire et civil). Parmi ceux-ci, 36 Etats l’ont déjà fait. Huit pays à ce jour doivent encore les rejoindre : la Chine, la Corée du Nord, l’Egypte, les Etats-Unis, l’Inde, l’Iran, Israël et le Pakistan. Seule la Corée du Nord ne respecte pas la norme internationale interdisant les essais nucléaires, établie de facto depuis 1996 – ce qui a toujours été condamné par la communauté internationale et le Conseil de sécurité des Nations Unies.