Un an après le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), la relation conflictuelle entre Washington et Téhéran emprunte depuis le début du mois un carrefour périlleux. Le ministre des affaires étrangères britannique Jeremy Hunt s’est ainsi déclaré inquiet d’un risque de conflit dans le Golfe « par accident ».
Depuis un an, les tensions montent entre l’Iran et les États-Unis. Malgré la résistance des grandes puissances mondiales à l’abandon de l’accord, les États-Unis ont transformé le système financier mondial en une arme économique contre Téhéran. Les Européens, la Chine et la Russie se sont montrés incapables de respecter leur promesse d’avantages économiques pour l’Iran. La mise en place de la structure de troc INSTEX n’a pour l’heure pas réalisé la moindre transaction. Et quand bien même, elle n’est limitée qu’aux fournitures de nourriture et aux matériels autorisés pour des raisons humanitaires.
En réponse, l’Iran a lancé le compte à rebours de son propre retrait. Le président Rohani a annoncé que son pays ne limiterait plus ses stocks d’uranium faiblement enrichi et d’eau lourde. Le geste est symbolique : pour la première fois, Téhéran répond sur le terrain nucléaire aux pressions américaines. Téhéran a lancé un ultimatum de 60 jours aux autres signataires pour « rendre opérationnels leurs engagements, en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire », sans quoi l’Iran contreviendra à d’autres clauses de l’accord. L’Iran cessera également d’observer les restrictions consenties sur le degré d’enrichissement de l’uranium, ouvrant ainsi la voie au nucléaire militaire.
Il est urgent pour l’Europe de prendre ses distances avec la position nucléaire américaine. L’Union Européenne ne tirerait aucun profit de l’effondrement du JCPOA. Elle doit développer et consolider INSTEX pour contourner les sanctions américaines. A ce titre, Bruxelles, Pékin et Moscou doivent agir conjointement, seule clé pour sauver le JCPOA.
IDN pense que l’Europe doit tout faire pour limiter l’escalade des menaces et des provocations entre Téhéran et Washington et inciter l’Iran à continuer d’adhérer au JCPOA. Son retrait et la nucléarisation de l’Iran entraîneraient une détérioration instantanée des relations internationales dans une région déjà instable. L’Europe doit jouer un rôle de médiateur, en amenant les États-Unis et l’Iran à dialoguer pour faire retomber les tensions. S’ils n’y parviennent pas, le risque d’une confrontation militaire devient sérieux.
Solène Vizier, membre du Bureau d’IDN