OTAN, ONU : passer des mots aux actes

Le Président de la République a déclaré que l’OTAN était en « état de mort cérébrale », et se fait par ailleurs le défenseur du multilatéralisme. Il aura l’occasion de passer des mots aux actes lors de la Conférence d’examen du TNP, qui se tiendra à l’ONU le printemps prochain. Ce traité concerne principalement le désarmement nucléaire et la non-prolifération nucléaire. Il sera question de l’Iran, de la Corée du Nord et de la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Cette conférence pourrait être le moment pour que le Président de la République prenne une initiative pour amener les pays détenteurs de l’arme nucléaire à respecter l’Article VI du TNP.  Il pourrait s’inspirer de la lucidité du Pape François, qui en novembre 2017 a condamné non seulement l’emploi des armes nucléaires mais aussi de leur possession, considérant ces armes comme immorales et instruments de guerre illégitimes.

Pour la seconde année, un « forum sur la paix» s’est tenu ces derniers jours à Paris. Organisé sous l’égide du Ministère des Affaires étrangères, cette manifestation voulue par Emmanuel Macron, était présentée comme un grand rendez-vous de nombreuses organisations de la société civile et d’une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement (surtout africains). Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a prononcé un discours d’introduction.

L’objectif était ambitieux…..mais flou : « défendre le multilatéralisme », « évoquer les grandes questions de gouvernance mondiale ». Il est étonnant et regrettable que les organisateurs de cette belle et coûteuse opération de communication (dont l’écho médiatique a été faible) aient « oublié » d’inviter les nombreuses associations qui travaillent dans le domaine du désarmement. Quant au mot « nucléaire », il n’a jamais été prononcé, malgré son impact négatif sur la paix mondiale… pourtant sujet du forum !

Le Président de la République s’est récemment exprimé à propos de la sécurité européenne, en déclarant que l’OTAN était en « état de mort cérébrale ». C’est ce que IDN-Initiatives pour le Désarmement Nucléaire ne cesse de répéter depuis des années. En adoptant cette attitude réaliste, le Président français fait preuve d’audace et il permet à la France d’apparaître capable de prendre des initiatives et de s’attaquer à des tabous, vestiges d’une époque révolue.

Une occasion va se présenter à cet égard, avec la  Conférence d’examen du TNP, qui se tiendra au siège de l’ONU au printemps prochain. Cet important traité concerne principalement le désarmement nucléaire et la non-prolifération nucléaire. Il sera naturellement question de l’Iran, de la Corée du Nord et de la création (toujours en attente) d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Mais, au-delà, cette conférence devrait être le bon moment pour examiner la situation regrettable du non-respect de l’Article VI* du TNP par les 5 pays « officiels », dont la France. Emmanuel Macron prendra-t-il une initiative à ce sujet ?

Il pourrait s’inspirer de la lucidité du Pape François, qui doit s’exprimer prochainement sur cette question. Il redira certainement, comme en novembre 2017, sa condamnation non seulement de l’emploi des armes nucléaires mais aussi de leur possession, considérant ces armes comme immorales et instruments de guerre illégitimes.

Alors, encore un effort, Monsieur le Président !

Paul Quilès, président d’IDN.

 

 

* Par cet article VI, les signataires s’engagent à négocier en vue de parvenir à un arrêt de la course aux armements nucléaires et à un désarmement général et complet sous un contrôle international.

 

 

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Une réponse

  1. Merci Monsieur le ministre pour ce nouvel appel à la raison. Cependant, comme vous le constatez vous-même, le déni persiste, puisque la question des armes de destruction massive nucléaires n’a pas un instant été évoquée lors de ce prétendu « forum sur la Paix », alors que ces dites « armes » sont en affirmées comme participant en premier lieu au maintien de cette « paix » par nos dirigeants nucléaires, français y compris. C’est donc un autre appel qu’il nous faut lancer, aux populations.
    Cette contradiction élémentaire, qui saute aux yeux de toute personne intellectuellement saine, si elle n’apparaît pas comme telle aux yeux de ces dirigeants, c’est bien qu’ils sont pour leur part victimes d’un refoulement de nature pathologique, refoulement que cette possession de la puissance nucléaire dont ils croient disposer provoque chez eux. Ils tentent alors de « rationaliser » ce comportement déviant en persistant dans la croyance en une obligation, pour eux, de disposer de ces « armes » tout en imposant aux autres un apartheid nucléaire. Ils prolongent ainsi indéfiniment, et espèrent ils pour eux seuls, l’existence de ces systèmes destructeurs dont chacun sait aujourd’hui qu’un emploi, même limité, détruirait en grande partie la civilisation et serait pour tous suicidaire.
    Toute argumentation rationnelle sur la question nucléaire qui leur serait adressée le serait donc en vain, c’est d’ailleurs bien le cas puisqu’ils sont, depuis 1970, dans l’incapacité de comprendre l’absurdité d’un engagement au désarmement qu’ils ont pris, en regard de la persistance de la fabrication par eux de ces armes, toujours plus coûteuses et sophistiquées. Leurs discours entachés de dénis, par exemple lorsqu’il s’agit de constater les dégâts terribles que ces armes et leurs essais ou accidents ont provoqué et provoquent encore, les erreurs d’appréciation qui ont menacé le monde de bombardements nucléaires évités par chance à ce jour, démontrent encore qu’ils sont, avec ceux qui les soutiennent, hors de la réalité dès lors que le nucléaire est présent à leur esprit.
    Ce refoulement maladif, c’est un constat factuel, a bien présidé à la tenue de ce forum dit « sur la paix », et nous pouvons considérer qu’il a pu être organisé, à grand frais, par les États nucléaires en vue de le renforcer et de manipuler les opinions publiques. Sans doute craignent-ils, peu ou prou consciemment, que les opinions publiques ne découvrent cette ignoble supercherie avec l’approche d’une adoption du traité TIAN sur l’interdiction des armes nucléaires et avec cette session de révision du TNP de 2020. Leurs agitations via les médias ou par l’organisation de spectacles orientés vers les universités ou le grand public en est une autre preuve.
    Tout appel à la raison orienté vers ces chefs d’États nucléaires et vers les États vassalisés par cette menace serait donc lancé en pure perte. La seule issue, ce sont les États non nucléaires qui peuvent la trouver, en décrédibilisant aux yeux des populations ces chefs d’États nucléaires, éminemment dangereux pour la planète et pour notre espèce, ainsi que ceux qui les soutiennent au plan politique, technique et financiers ou par des discours « stratégiques » fous, voire insultants pour tous ceux qui souhaitent que les engagements à la suppression et à l’interdiction de ces ultimes armes de destruction massive soient enfin respectés et engagés jusqu’à leur terme. Il est donc également vain de croire que l’un quelconque des cinq chefs d’État nucléaire du Conseil de sécurité de l’ONU puissent participer à ce retour à la raison. Bien au contraire, leur obstination maladive sert de perpétuel prétexte à un rejet indéfini des engagements à ce désarmement. Demander « un effort » au Président français alors qu’il ne cherche qu’à mous manipuler peut donc paraître sans espoir.

    L’OTAN est évidemment dans l’incapacité, une de plus, de mener une réflexion sur la question nucléaire. Sa mort cérébrale me lui permet pas, mais auparavant sa véritable motivation, la mise sous contrôle des pays européens par les USA, lui interdisait aussi. La Russie comme la Chine, empêtrés dans des difficultés politiques et économiques, des rivalités et des velléités hégémoniques, en sont tout autant incapables. Le Moyen-Orient est de même enlisé par les rivalités et la schizophrénie entre les nations. C’est donc vers l’Europe et ses institutions, en premier lieu vers son Parlement, que les efforts doivent être portés, en appuyant cet effort par une action coordonnée et globale vers les citoyens européens. Voici la tâche que doivent s’assigner, ensemble, d’urgence, toutes les ONG et associations qui prétendent agir utilement pour la sauvegarde de l’humanité et de son environnement vital. Se tromper de stratégie, en cette période de profonde instabilité, pour lutter contre cette menace qui, par sa barbarie, en provoque d’autre, peut nous être fatal.
    Francis Lenne 18/11/2019.