Le 9 septembre 2016, la Corée du nord a fait trembler le site de Punggye-ri, en réalisant son second essai nucléaire de l’année. Cet essai serait le plus puissant jamais réalisé à ce jour par Pyongyang, avec une magnitude d’environ 10 kilotonnes. Il fait suite à cinq essais nucléaires, (9 octobre 2006, 25 mai 2009, 12 février 2013, 6 janvier 2016) et montre la détermination de la Corée du nord et de son Président Kim-Jong-un, à se doter d’une dissuasion nucléaire crédible, malgré les multiples sanctions prises au travers des résolutions (1718, 1874, 2087, 2094) du Conseil de Sécurité.
Ce nouvel essai nucléaire démontre que la Corée du nord maîtrise non seulement la conception d’une arme nucléaire, mais aussi la miniaturisation d’une tête nucléaire, après avoir réalisé en juin de cette même année un tir de missile démontrant également son début de maîtrise de la technologie balistique.
L’attitude des dirigeants de la Corée du nord met en évidence l’inefficacité des mesures prises par la communauté internationale et consacre l’échec des négociations à six (Corée du Nord, Etats-Unis, Chine, Russie, Corée du Sud, Japon) constaté dès 2009. Il n’est plus possible de continuer cette partie de ping-pong, qui se traduit par un échange d’essais nucléaire ou balistique, contre des résolutions de l’ONU. La Communauté internationale doit faire un choix : poursuivre une politique de sanctions, ou engager un processus diplomatique fort pour éviter le pire.
Dénoncer « avec force le nouvel essai nucléaire » et appeler « le Conseil de sécurité des Nations Unies à se saisir de cette violation de ses résolutions », comme l’a fait le président Hollande, tient plus de l’incantation que d’une véritable volonté de mettre un terme à cette situation. Le moment est venu de modifier cette politique, sous peine de se condamner à un dérapage, dont l’issue serait dramatique pour l’Asie et pour l’ensemble de la planète.
Cette nouvelle approche diplomatique doit s’inscrire dans la perspective plus large du désarmement nucléaire. En effet, poursuivre la politique de non-prolifération est nécessaire, mais cela ne constitue pas une fin en soi. Il est indispensable d’engager une double approche, portant à la fois directement sur un processus renouvelé de dialogue avec la Corée du nord et sur un processus de désarmement nucléaire complet mené par l’ensemble des puissances nucléaires. Nous devons en effet, comme le souligne Global Zero « traiter la maladie en réduisant et en éliminant à terme toutes les armes nucléaires à l’échelle mondiale. »
La Chine a clairement exprimé son opposition à cet essai nucléaire, après avoir déjà émis des protestations lors du précédent essai. La Communauté internationale doit engager un nouveau dialogue avec Pékin, qui détient la clef de cette crise. La Chine s’impliquera pleinement dans ce processus de dénucléarisation nord-coréen quand elle aura la certitude de ne pas avoir de troupes américaines à ses frontières, si les deux Corées sont réunifiées. De son côté, la France, membre du Conseil de sécurité, doit s’impliquer pleinement, avec l’UE, comme elle l’a fait durant la crise nucléaire iranienne. Qui aurait cru en 2002 que, 13 années plus tard, un accord serait possible? Cet exemple est la preuve que la diplomatie et le dialogue peuvent être efficaces.
Simultanément, les Etats nucléaires doivent cesser d’affirmer « vouloir un monde sans arme nucléaire », tout en poursuivant une politique de modernisation de leurs arsenaux qui conduit de fait à une nouvelle course aux armements nucléaires. Afin de respecter leur engagement au titre de l’article VI du TNP, ces Etats devraient soutenir la recommandation issue du Groupe de travail de l’ONU sur le désarmement nucléaire qui propose « d’ouvrir des négociations en 2017 pour une interdiction mondiale des armes nucléaires ». Cette recommandation doit être votée au mois d’octobre à l’ONU. Il serait choquant de constater que la position française est identique à celle de la Corée du nord!