Hypocrite: c’est le qualificatif qui vient à l’esprit quand on écoute les déclarations des ministres des Affaires étrangères du G7 (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Canada, Allemagne, Japon) réunis les 10 et 11 avril à Hiroshima.
En effet, dans ce lieu hautement symbolique pour évoquer le désarmement nucléaire et la non-prolifération, les images de ces ministres se recueillant devant le Mémorial de la Paix ne suffisent pas.
Il faut certes saluer le geste du Secrétaire d’Etat américain John Kerry, dont le pays n’a, à ce jour, jamais exprimé de regrets pour l’emploi de l’arme nucléaire au Japon mais on ne peut qu’être attristé par les déclarations officielles faites à cette occasion: dans leur communiqué commun, les ministres des Affaires étrangères affirment souhaiter vivement que « l’arme nucléaire ne soit plus jamais utilisée à nouveau », mais, dans le même temps, ils n’ont pas un mot pour regretter la nouvelle course aux armements nucléaires qui s’engage.
La perspective d’un monde sans arme nucléaire est bien évoquée, mais c’est pour affirmer que de nouvelles menaces y font obstacle : le terrorisme et la politique russe en Ukraine. Or qui peut croire que l’arme nucléaire nous protège du terrorisme et favorise une solution du différend ukrainien ?
Le témoignage des hibakusha, rescapés de l’holocauste nucléaire, aide à comprendre que, derrière les discours sur la dissuasion, se cache le danger d’un crime de masse aux proportions inouïes. L’une de ces victimes déclarait récemment : « Combien de temps encore allons-nous accepter que les États dotés de l’arme nucléaire fassent planer cette menace sur la Terre entière ? Il est temps d’agir et d’instituer un cadre juridique contraignant visant à les interdire, puis à les éradiquer entièrement. »
Les opinions publiques, notamment en France, doivent faire comprendre à leurs dirigeants qu’il faut répondre par des moyens militaires adaptés et efficaces aux risques et menaces du monde contemporain et cesser de faire de la dissuasion nucléaire l’alpha et l’omega de notre politique de sécurité et de défense !
Communiqué du bureau d’IDN (11 avril 2016)