Missiles hypersoniques et dissuasion nucléaire : un jeu de poker dangereux

Les États-Unis font mine de s’inquiéter du futur déploiement par la Russie et la Chine de missiles hypersoniques capables de neutraliser toute défense antimissiles alors même qu’ils investissent eux aussi dans cette technologie. La confiance dans la dissuasion nucléaire pour empêcher une première frappe était déjà passablement affaiblie par le recours à la défense antimissile. L’escalade résultant de la course actuelle au contournement de cette défense est un pari dangereux qui ne peut qu’encourager l’offensive et conduire au cataclysme mondial.

Helsinki : les deux présidents ont jugé utile et nécessaire de discuter du désarmement nucléaire

Lors d’un sommet historique à Helsinki le 16 juillet 2018, le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se sont entretenus pendant deux longues heures sur la situation du monde et des relations entre leurs deux pays. La question nucléaire faisait partie des dossiers clés à aborder par les deux hommes. Perçue comme une occasion unique d’inverser la spirale dangereuse de la concurrence nucléaire et de stabiliser les relations nucléaires, la rencontre, à défaut d’amener des actes concrets, a permis de renouer le dialogue en matière nucléaire.

Les contradictions nucléaires de l’OTAN

Lors du Sommet de l’OTAN les 11 et 12 juillet 2018, les 29 chefs d’Etat et de gouvernement membres de l’Alliance se sont accordés sur un renforcement de l’Alliance et sur la signature d’une longue Déclaration conjointe. La problématique du nucléaire militaire y est longuement abordée. Mais, à l’image de la crise de doute que traverse l’OTAN, les Etats se divisent sur les questions nucléaires. Les contradictions présentées dans la Déclaration, tout comme le maintien des armes nucléaires tactiques américaines sur le sol européen, mettent à mal la crédibilité de la dissuasion nucléaire otanienne comme garantie de sécurité.

Hubert Védrine : « La bataille nucléaire est une monstruosité à tout point de vue »

A l’occasion d’un débat organisé par la Fondation Jean-Jaurès à propos de son dernier livre, il a réaffirmé être « idéalement pour un désarmement nucléaire [et] pour que les Etats-Unis et la Russie, qui ont encore beaucoup trop d’armes nucléaires, se rapprochent du niveau de dissuasion minimum de la théorie française. […] On peut tout à fait supprimer l’armement nucléaire tactique en Europe, qui relève d’une conception de la bataille nucléaire qui est une monstruosité à tout point de vue. Par ailleurs, on pourrait réactiver le traité anti-missiles, qui a été dénoncé unilatéralement par les Américains. Cela pourrait faire partie d’une reprise de négociations avec la Russie »