Un gouffre entre les déclarations du Président de la République et la réalité de sa politique
Déclaration de Roland Nivet, Co-porte-parole du Mouvement de la Paix, et Paul Quilès, Président d’IDN -Initiatives pour le Désarmement Nucléaire.
Les déclarations du Président la République lors de son parcours mémoriel et lors du forum sur la paix peuvent donner l’impression d’exprimer un diagnostic proche du nôtre quand il déclare à La Villette : « Le monde dans lequel nous vivons est fragilisé par des crises qui déstabilisent nos sociétés : crise économique, écologique, climatique, défi migratoire. Fragilisé par la résurgence de menaces capables de frapper à tout moment : terrorisme, prolifération chimique ou nucléaire »
Mais dans la réalité sa politique se situe à l’opposé. Elle tourne le dos au multilatéralisme, et elle est éloignée de la politique de paix, de coopération, de diplomatie de la confiance nécessaire pour faire face à des enjeux auxquels l’humanité n’a jamais encore été confrontée.
Sommes-nous « entre-deux-guerres »?
S’apprêtant à commémorer le centenaire de l’armistice de 1918, le Président de la République vient de faire une déclaration dans Ouest France qui m’a choqué. Parler, comme il l’a fait, de ressemblance entre les évènements que traverse actuellement le monde et ceux de « l’entre- deux guerres » néglige en effet les considérables évolutions qu’ont connues la planète et l’humanité depuis cette époque. (…). Il est hasardeux (…) de suggérer, en s’appuyant sur l’adage selon lequel « les mêmes causes engendrent les mêmes effets », que l’Europe pourrait connaître prochainement une guerre, qui serait certainement mondiale. (…).
Réduire d’urgence le risque de guerre nucléaire
L’annonce du retrait américain du Traité INF soulève une vague d’inquiétude, mais ne fait que s’inscrire dans la ‘Nuclear Posture Review’ (NPR) du président Trump, qui préconise un renforcement des capacités nucléaires des Etats-Unis de nature à abaisser le seuil d’emploi de la force de frappe. En réaction, une organisation composée d’anciens dirigeants civils et militaires vient de proposer une alternative. Son but : réduire d’urgence le risque de guerre nucléaire en favorisant la décrue puis la disparition des arsenaux nucléaires. C’est la même approche réaliste et progressive qui inspire les propositions d’IDN.
La dissuasion nucléaire : un modèle de défense inefficace et dangereux
Garantie ultime de la sécurité des Etats depuis 1945, le principe de dissuasion nucléaire demeure au cœur des stratégies de défense des neufs Etats dépositaires du nucléaire militaire. Ceux-ci continuent de cadenasser le débat et se refusent à tout abandon de l’arme nucléaire alors que la dissuasion nucléaire est aujourd’hui remise en question. En 2017, 122 Etats de l’Assemblée Générale de l’ONU ont adopté un traité visant à interdire les armes nucléaires. Déconstruisant les arguments en faveur de l’armement nucléaire, notre article vise à prouver que la dissuasion nucléaire est un système rendu dangereux et inefficace par les nouvelles menaces de notre environnement stratégique.
L’Europe : un futur champ de bataille nucléaire !
Donald Trump, désormais bien connu pour ses actions diplomatiques irresponsables et inconséquentes, vient d’annoncer à des journalistes américains le retrait des Etats-Unis de l’Intermediate-range Nuclear Forces Treaty (INF). Cette décision unilatérale est potentiellement dévastatrice pour les Européens, puisqu’ils sont par définition les principaux concernés par un conflit utilisant des armes nucléaires de moyenne portée. Comme du temps de la guerre froide, l’Europe redevient le potentiel champ de bataille nucléaire de puissances extérieures, sans même avoir cette fois-ci l’illusion d’être protégée par l’OTAN, qui n’a ici pas eu son mot à dire.
Sanctions américaines contre l’Iran : des solutions peu efficaces
Depuis le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en mai 2018, l’Iran, l’Union Européenne, la Chine et la Russie tentent tant bien que mal de préserver l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA). Les iraniens ont accepté de rester dans l’accord tant que leurs intérêts nationaux seraient garantis. Les sanctions économiques imposées unilatéralement par les États-Unis menacent aujourd’hui l’accord, et tous sont à la recherche d’une solution pour contrer l’extraterritorialité des lois et sanctions américaines. La saisine de la Cour Internationale de Justice (CIJ) par l’Iran et l’instauration de canaux de paiements indépendants du dollar par l’Union Européenne sont des mesures symboliques fortes mais leur efficacité reste à prouver.
Le 26 septembre 1983, l’apocalypse nucléaire a été évitée
Le choix par l’ONU de la date du 26 septembre pour la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires n’est pas un hasard.
Le 26 septembre 1983, c’est grâce à la lucidité et au courage du lieutenant-colonel soviétique Stanislav Petrov qu’une apocalypse nucléaire a été évitée. En effet, le système informatique d’alerte antimissiles avait indiqué le tir de cinq missiles balistiques intercontinentaux en provenance des Etats-Unis. Stanislav Petrov a su détecter qu’il s’agissait d’une fausse alerte nucléaire en raison de la réflexion des rayons du soleil sur les nuages situés au-dessus du site de lancement américain et il en a informé sa hiérarchie.
Trente-cinq ans plus tard, cette date a une résonance particulière, alors que la 73e Assemblée Générale annuelle des Nations- Unies s’est ouverte hier à New-York.
Corées : un petit pas vers la dénucléarisation ?
C’est une première dans le dossier nucléaire nord-coréen : mercredi 19 septembre, Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord, a pris des mesures concrètes en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne lors d’un sommet à Pyongyang avec son homologue sud-coréen, Moon Jae-in. Pourtant, alors que les négociations avec les États-Unis sont au point mort depuis juin, ces engagements sont à relativiser. Ils demandent peu de concessions à la Corée du Nord qui essaie de maximiser ses profits en opposant dans les négociations Washington et Pékin.
En Allemagne, l’idée d’acquérir l’arme nucléaire progresse
Le mois dernier, le politiste allemand Christian Hacke publiait un article estimant que son pays devrait acquérir son propre arsenal nucléaire, dans la mesure où
Nicolas Hulot victime des lobbies
Selon son aveu, Nicolas Hulot a été la victime des lobbies, dont les responsables politiques de tous bords font hypocritement mine d’ignorer la puissance et l’influence.
Je souhaite que les pourfendeurs (en parole) des lobbies fassent preuve de lucidité et de courage pour dénoncer leur rôle.
S’agissant du lobby militaro-industriel, c’est ce que fait l’association IDN, que je préside et dont le Comité de parrainage* comprend notamment Nicolas Hulot.