En invitant du 19 au 21 mai 2023 dans la ville martyre d’Hiroshima, les autres pays membres
du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie et Royaume-Uni), le Japon souhaitait
appeler l’attention du monde sur la menace nucléaire, aggravée par l’agression russe en
Ukraine. Cette initiative historique faisait suite au plan ambitieux de désarmement nucléaire
lancé par le Japon à la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP) en août
2022. À la déception générale, la déclaration finalement adoptée par le G7 sur la non-
prolifération et le désarmement nucléaire ne contient aucune initiative nouvelle et se
contente de réaffirmer des dogmes éculés.
Certes, le G7 condamne à juste titre « la rhétorique nucléaire irresponsable de la Russie, qui
fragilise les régimes de maîtrise des armements, et sa volonté affichée de déployer des
armes nucléaires en Biélorussie » ainsi que sa décision de remettre en cause le Traité New
START. Le G7, qui compte trois puissances nucléaires (États-Unis, France et Royaume-Uni)
ainsi que quatre alliés sous « parapluie » nucléaire américain, rappelle aussi la déclaration
des cinq États dotés reconnus par le TNP en janvier 2022 selon laquelle « une guerre
nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Mais il déforme, en la citant, la
Déclaration du G20 de Bali en novembre 2022, en laissant croire que la phrase « l’emploi
d’armes nucléaires ou la menace de leur emploi sont inacceptables » ne s’applique qu’à la
Russie.
Le G7 affirme que les armes nucléaires occidentales « sont destinées à répondre à des
objectifs défensifs, à dissuader une agression et à prévenir la guerre et la coercition »,
admettant par là-même qu’elles sont susceptibles d’être employées et que la dissuasion
repose sur la menace. Or, comme le disait Ban Ki-moon, ancien Secrétaire général de
l’ONU, « il n’y pas de bonnes mains pour de mauvaises armes ».
Le G7 ose réaffirmer son « attachement à l’objectif ultime d’un monde sans armes
nucléaires, avec une sécurité non diminuée pour tous, grâce à une approche réaliste,
pragmatique et responsable ». Il rappelle à la Russie et à la Chine l’obligation de négocier le
désarmement nucléaire contenue dans l’Article VI du TNP. Or, les puissances nucléaires
occidentales et leurs alliés continuent elles aussi de bloquer toute négociation sur le
désarmement nucléaire à la Conférence du désarmement et rejettent le seul traité
multilatéral qui rend les armes nucléaires illégales, le Traité sur l’interdiction des armes
nucléaires (TIAN).
Le G7 prétend aussi reconnaître « la nécessité pour les États dotés d’armes nucléaires de
prendre des mesures concrètes pour réduire les risques stratégiques », mais s’abstient bien
de proposer ou d’adopter de telles mesures telles que le non-emploi en premier ou l’abandon
des armes tactiques.
Somme toute, faute de constituer une « vision », cette déclaration montre une fois de plus
l’aveuglement tragique des puissances nucléaires et leur déni face à la menace d’une
catastrophe mondiale.