Publié dans The National Interest
A l’approche des élections présidentielles de mars 2022 en Corée du Sud, les armes nucléaires promettent d’être au centre du débat public. Il ne s’agira pas seulement de celles de leur voisin du Nord, mais aussi de celles que le pays pourrait être amené à acquérir. Pour William Kim, auteur de cet article, Washington doit surveiller de près ces discours qui ne sont plus aussi marginaux qu’auparavant.
Les discours pro-nucléaire n’ont certes rien de neuf. Ils existent depuis l’entrée de la Corée du Nord dans le club nucléaire en 2006, reçue comme une menace existentielle par la population vivant au sud du 38ème parallèle. Certains à droite émettent, depuis plusieurs années, des doutes sur la fiabilité du parapluie nucléaire américain et citent un environnement sécuritaire asymétrique dans la péninsule pour justifier l’acquisition d’armes nucléaires à leur tour.
Ceci se traduirait par un redéploiement des armes nucléaires tactiques américaines, un accord de « partage », calqué sur le modèle en vigueur dans l’OTAN ou même un programme nucléaire domestique. Devant l’arrêt des négociations sur le nucléaire nord-coréen, plusieurs hauts cadres du parti conservateur PPP appellent leur pays à se nucléariser « pour ne pas devenir l’esclave nucléaire[de la Corée du Nord])». Une idée auparavant marginale risque ainsi de devenir l’un points centraux du programme pour les présidentielles.
La nucléarisation de Séoul risquerait de faire voler en éclat plusieurs concessions importantes accordées par la Corée du Nord pour la dénucléarisation de la péninsule (qu’elle comprend comme un engagement réciproque). Elle endommagerait aussi considérablement une relation déjà sujette à crispations avec les Etats-Unis et d’accroître l’instabilité régionale. Il est donc vital que l’administration Biden reprenne avec les négociations avec Pyongyang, pour rassurer son allié et réduire l’armement nucléaire