Publie par Mediapart
Organisée en amont d’un déplacement du Président de la République en Polynésie fin juillet, la table ronde sur la reconnaissance des souffrances liées aux essais nucléaires dans le Pacifique semble avoir laissé les victimes insatisfaites. Les principales associations de victimes, l’Eglise protestante de Tahiti et les partis indépendantistes (qui portent tous un combat antinucléaire et des demandes de réparation de longue date) avaient même choisi de boycotter la rencontre.
Le député polynésien Moetai Brotherson (GRD) estime de son côté qu’il s’agit là « d’un « coup de com » avant la visite d’Emmanuel Macron. Le sujet, qui ne peut d’après lui être réglé en deux jours, n’aurait jamais été abordé sans les révélations du média en ligne Disclose, au mois de mars.
Les représentants de l’armée et ceux du Comité d’indemnisation des victimes d’essais nucléaires ont par ailleurs tiré à boulets rouges sur l’enquête de Disclose, allant jusqu’à remettre en cause sa rigueur scientifique. Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux armées et ayant assisté à la table ronde aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran et du ministre des des Outre-Mer Sébastien Lecornu, dément tout « mensonge d’Etat ». Elle prévoit de déclassifier des archives « non sensibles » au mois de septembre.
Les conséquences sanitaires des essais pour les Polynésiens et l’indemnisation des victimes avaient beau être le sujet central de la table ronde, les discussions n’ont pas porté les résultats escomptés par les associations. Il n’y en effet pas eu de réévaluation des critères d’indemnisation ou de promesse de prise en charge du déficit abyssal de la Caisse de Santé Polynésienne. Enfin, interrogé sur de possible excuses officielles de la France pour les 193 essais nucléaires en Polynésie de 1966 à 1996, M. Lecornu s’y est dit fermement opposé. Le fait « d’assumer » est selon lui « plus fort que demander pardon ».