L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) le 22 janvier 2021 est un événement historique pour toutes les organisations, notamment la nôtre, qui militent pour un monde militairement dénucléarisé.
S’il était nécessaire de prouver la légitimité du combat porté par l’association Initiatives pour le Désarmement Nucléaire (IDN), il suffirait d’observer son action au cours de la dernière période et la façon dont elle a rempli ses missions principales qui sont de mobiliser, d’informer, d’influencer les décideurs et l’opinion publique et de proposer.
Mobiliser
Trois semaines après l’entrée en vigueur du TIAN, IDN reste résolument engagée à travailler à la mobilisation de la société civile sur les dangers de l’arme nucléaire pour la stabilité de l’ordre international.
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’action d’IDN pour rassembler 21 associations et organisations — dont 5 anciens Prix Nobel de la paix — qui ont lancé, le 20 janvier 2021, un appel solennel au Président de la République demandant l’adhésion de la France au TIAN.
Informer
L’actualité a été marquée par l’arrivée au pouvoir du président américain Joe Biden, qui a fait de la prorogation du traité New START une de ses priorités. Les relations russo-américaines ayant été largement mises à mal par le président Donald Trump, les enjeux autour de la maitrise des armements nucléaires ont été largement repris dans l’actualité.
Très favorable aux traités multilatéraux visant à contenir et réduire les arsenaux nucléaires, IDN a mobilisé son équipe de rédacteurs, d’analystes et d’experts issus de la société civile, politique, diplomatique et militaire pour analyser les derniers développements stratégiques en la matière.
Dans cet esprit, plusieurs articles ont été publiés par les analystes, ainsi que par Bernard Norlain, Général d’armée aérienne (ret) et vice-Président d’IDN, visant à décrypter les enjeux et les perspectives de la prorogation du traité New START pour la relance des politiques de maitrise des armements nucléaires obérées par Donald Trump
Influencer
IDN veut lever le tabou de l’arme nucléaire en France, ce qui l’amène parfois à hausser le ton pour dénoncer les mensonges et faire entendre autre chose que les litanies du discours officiel.
C’est le sens de la mise au point de Marc Finaud, ancien diplomate de carrière, formateur au sein du Centre de Politique de Sécurité de Genève (GCSP) et vice-Président d’IDN, qui a répondu avec fermeté à la déclaration du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, devant l’Assemblée Nationale le 26 janvier 2021. Avec une argumentation implacable, il a dénoncé la rhétorique nucléaire française, enferrée dans « son déni du risque existentiel que font peser les armes nucléaires sur l’humanité et la planète ». Il a ainsi mis en exergue l’incohérence profonde des arguments des autorités politiques qui nient l’inutilité et la dangerosité des armements nucléaires.
Proposer
Avec comme objectif l’élimination progressive et équilibrée des armes nucléaires de la planète, le combat d’IDN, porté par ses militants et ses sympathisants, est plus que jamais nécessaire pour assurer l’édification du monde plus sûr promu par les traités comme le TIAN et le New Start.
Forte de ses liens avec les principaux acteurs français et étrangers investis dans le désarmement nucléaire, IDN a bâti une liste de propositions concrètes et pertinentes pour inscrire la France, les États nucléaires et les États alliés de ces derniers dans un processus de désarmement nucléaire multilatéral, progressif et contrôlé :
- Diminuer au niveau le plus bas possible le niveau d’alerte des forces nucléaires ;
- Négocier sans délai ni condition préalable la dénucléarisation de la péninsule coréenne dans un cadre multilatéral ;
- Retirer les armes nucléaires tactiques américaines et russes d’Europe ;
- Adopter une politique de non-emploi en premier en renonçant à riposter avec des armes nucléaires à des attaques conventionnelles;
- Mettre en place un système de transparence sur les armes nucléaires ;
- Œuvrer à l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des essais nucléaires (TICE) ;
- Négocier un Traité d’interdiction de la production de matières fissiles destinées aux armes nucléaires (FMCT) ;
- Réaffirmer l’engagement pris dans le TNP de « réduire le rôle attribué aux armes nucléaires dans les politiques de sécurité”;
- Agir en faveur d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient;
- Annoncer de nouvelles réductions négociées des arsenaux nucléaires ;
- Procéder à de nouvelles réductions unilatérales;
- Adhérer au mécanisme prévu par le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN).
Paul Quilès