Chaque jour, de nouvelles menaces sont brandies par les dirigeants des grands pays de la planète, dans un climat d’incantation qui rappelle les grandes heures de la Guerre froide.
L’incertitude est la règle, avec des leaders instables, tenant des propos contradictoires, à l’image d’un Trump, qui s’est séparé de 24 de ses collaborateurs en 14 mois, qui menace aujourd’hui d’engager une guerre commerciale et qui veut rompre l’accord nucléaire iranien.
Les provocations se multiplient : Corée du Nord, États-Unis, Russie, Chine, Turquie… entraînant des réponses « musclées« . On parle de « bras de fer« , on utilise un vocabulaire guerrier, on exacerbe les réactions nationalistes, qui favorisent les mouvements populistes.
Cette atmosphère a toutes les caractéristiques d’une escalade, dont on sait que c’est toujours « la faute de l’autre » si elle a commencé et dont on ignore comment elle pourra s’arrêter.
Bien sûr, nous ne sommes pas en 1914, mais il n’est pas inutile, alors que nous commémorons le centenaire de la fin du terrible conflit qui a fait des millions de victimes, de réfléchir aux enchaînements qui conduisent aux conflits armés.
Y a-t-il une fatalité à faire la guerre ? Quel est le rôle des dirigeants dans le déclenchement des guerres ?
Pour illustrer ces lourdes interrogations, je propose de relire ou d’écouter quelques extraits du discours prémonitoire de Jean Jaurès à Vaise le 25 juillet 1914. Une semaine avant son assassinat, qui précéda de deux jours la déclaration de guerre, le député du Tarn alertait l’opinion sur le drame qui se préparait. Il dénonçait le rôle des dirigeants des Etats, des responsables politiques, des diplomates. Il mettait en garde contre les erreurs pouvant conduire à une guerre qu’il décrivait comme une immense boucherie. Il répétait que ce ne sont pas les peuples qui veulent la guerre, mais ceux qui ne savent pas ou ne veulent pas chercher et construire la paix.
Certes, nous ne sommes pas en 1914 et les désordres du monde actuel ne sont pas de même nature que les conflits et les tensions de l’époque. Et pourtant, la lecture de ce texte peut faire réfléchir aux conditions de préservation de la paix, d’autant plus qu’aujourd’hui, toute conflagration majeure risque d’entraîner l’utilisation de l’arme nucléaire. Seuls les inconscients et les irresponsables ne réalisent pas que, contrairement à ce que l’on entend trop souvent, un conflit nucléaire ne pourrait pas être « limité » et conduirait à une catastrophe planétaire !
Paul Quilès
ECOUTER un extrait du discours
(à partir de 1’20)
« Chaque peuple paraît à travers les rues de l’Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l’incendie. » (Jean Jaurès- discours de Vaise-25 juillet 1914)